bout

BOUT

nom masculin
Étymologie : xiie siècle. Déverbal de bouter au sens de « pousser ».

I.

I. Extrémité d’un objet allongé.
1.  Partie intégrante de cet objet. Le bout, les deux bouts d’un bâton. Les deux bouts d’une corde. Plier un drap en le prenant par les deux bouts. Le petit bout et le gros bout de l’œuf. Être assis au bout du banc, au bout de la table, en bout de table. Le haut bout de la table, la place la plus honorable, par opposition au bas bout, la place la moins flatteuse. Le roi était toujours placé au haut bout de la table. Le bout d’une épée, sa pointe. Le bout d’une arme à feu, l’extrémité de son canon. Tenir quelqu’un au bout de son arme.
▪ Spécialement. Se dit de l’extrémité d’un membre ou d’un organe. Ces chaussures me font mal au bout du pied. Tâter l’eau du bout du pied, du bout du doigt, du bout des doigts. Il a une verrue sur le bout du nez. Le lièvre était tapi dans l’herbe, on ne voyait que le bout de ses oreilles.
2.  Expr. fig. et fam. Tenir le bon bout, avoir de grandes chances ou être tout près de réussir. Ne retirez pas votre candidature, vous tenez le bon bout. Prendre une affaire par le bon bout, l’engager adroitement. C’est un homme grincheux, on ne sait par quel bout le prendre. Brûler la chandelle par les deux bouts, ruiner sa santé ou sa fortune par ses excès. Reprendre une question par tous les bouts, l’envisager sous tous ses aspects. Voir les choses par le petit bout de la lorgnette, n’avoir que des vues étriquées, mesquines. Savoir sa leçon sur le bout du doigt, la savoir par cœur. Jusqu’au bout des ongles, parfaitement. Ne pas voir plus loin que le bout de son nez, manquer de clairvoyance. Mener quelqu’un par le bout du nez, lui faire faire tout ce qu’on veut. Cela vous pend au bout du nez ou, ellipt, au nez, cela risque de vous arriver bientôt. Montrer le bout de son nez, se faire voir discrètement. Avoir un mot sur le bout de la langue, avoir le sentiment qu’on va retrouver un mot qui pourtant vous échappe. Rire, remercier du bout des lèvres, sans conviction ou de mauvaise grâce. Manger du bout des dents, sans appétit. Montrer, laisser voir le bout de l’oreille, laisser deviner ce qu’on voudrait cacher. Tenir, porter à bout de bras, soutenir matériellement ou moralement. Il tient toute l’affaire à bout de bras.
▪  Prov. Au bout de l’aune faut le drap, voir Aune II. Au bout du fossé la culbute, voir Culbute.
3.  Par métonymie. Ce qu’on place à l’extrémité d’un objet. Mettre un bout de cuivre, un bout de caoutchouc à une canne, en garnir l’extrémité. Un fume-cigarette à bout d’ambre. (En ce sens, on dit aussi Embout.) Ajouter un bout à une couverture trop courte. Bouts de table, flambeaux qu’on plaçait aux extrémités de la table lors des dîners d’apparat.
4.  Loc. adv. À bout touchant, à bout portant, alors que l’extrémité du canon de l’arme touche, touche presque la personne ou la chose visée. Un coup de feu tiré à bout portant. Bout à bout, en réunissant deux extrémités. Mettre deux cordes bout à bout. Des tuyaux assemblés bout à bout. Fig. Nous réussirons en mettant nos efforts bout à bout.

II.

II. Limite extrême d’un espace, d’une durée.
1.  Limite d’un espace. La dernière maison au bout du village. Le Panthéon est au bout de la rue Soufflot. L’avion s’arrêta en bout de piste. Aller jusqu’au bout de la digue, jusqu’au bout du quai. Être au bout de la chaîne, en bout de chaîne, être le dernier ouvrier d’une chaîne de montage. Par exagération. Avec vous, j’irais jusqu’au bout du monde. Il habite au bout du monde, dans un endroit très écarté.
▪ Expr. fig. C’est tout le bout du monde, le maximum qu’on puisse espérer. À tout bout de champ, en toute occasion, à tout propos. Voir le bout du tunnel, avoir une lueur d’espoir, après une période d’épreuves et de difficultés. Pousser quelqu’un à bout, le réduire à ne pouvoir répondre (vieilli) et, aujourd'hui, lui faire perdre patience.
▪ Marque de domaine : marine. Bout Prononciation : (t se prononce). Désigne l’avant, c’est-à-dire la proue d’un navire, dans les locutions Bout au vent, vent de bout. Cette embarcation nage bout au vent. Avoir le vent de bout ou, plus généralement, debout, voir ce mot.
2.  Limite d’une période déterminée. Le bout de la semaine, le bout du mois. Résister jusqu’au bout. Le fermier est arrivé au bout de son bail, à bout de bail. Marque de domaine : religion catholique. Service du bout de l’an ou, elliptiquement, bout de l’an, office religieux que l’on célèbre au premier anniversaire de la mort de quelqu’un.
▪ Expr. fig. et fam. Joindre les deux bouts de l’année (vieilli) et, elliptiquement, joindre les deux bouts, avoir suffisamment de ressources pour subsister toute l’année.
3.  Loc. prép. Au bout de sert à marquer l’épuisement d’une quantité, l’achèvement d’un processus, l’écoulement d’un laps de temps. Il est au bout de ses ressources. Nous voici au bout de nos réserves. Le malade est au bout de ses forces. Je suis au bout de ma patience. Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Être au bout de son rouleau (fam.), avoir épuisé ses ressources physiques, intellectuelles ou matérielles. Il se sentait au bout du rouleau. Au bout du compte, en définitive. Au bout du compte, j’ai gagné plus que je n’espérais. Au bout de trois semaines de traitement, il fut autorisé à quitter l’hôpital. À bout de, dépourvu totalement ou presque totalement de quelque chose. Elle est à bout de ressources. Être à bout de munitions, à court de munitions. Le coureur s’effondra à bout de souffle. Être à bout de forces. Il se tut, à bout d’arguments. Spécialement. Venir à bout de, achever, non sans mal, une entreprise. J’ai bien de la peine à venir à bout de cet article. Venir à bout d’une difficulté. Ce fut un long travail, mais il en vint à bout. L’affaire est ardue, mais nous en viendrons à bout. Avec un infinitif (vieilli). Vous verrez qu’il viendra à bout de se faire élire.
▪ Loc. adv. À bout. Être à bout, être épuisé ou excédé. Je me sens à bout. Ne le forcez pas, il est à bout. Ma patience est à bout. Pousser quelqu’un à bout, le mettre en colère. De bout en bout, d’un bout à l’autre, d’une extrémité à l’autre, sur toute la longueur. La rue a été défoncée de bout en bout par les travaux. Courir la ville de bout en bout.

III.

III. Fam. Petit morceau, fragment ; petite quantité, sans qu’il s’agisse précisément d’extrémité.
Demander un bout de pain. Manger un bout de fromage. Chercher un bout de papier pour noter une adresse. Nouer un bout de ficelle autour d’un paquet. Des bouts de chiffon. Un bout de chandelle et, fig., faire des économies de bouts de chandelle, des économies insignifiantes. Il y a un bon bout de chemin d’ici à la ville, une distance importante. Faire un bout de chemin avec une personne, l’accompagner sur quelque distance et, fig., l’accompagner quelque temps dans son action. Je vous fais un bout de conduite. J’ai passé un bout de temps à la montagne. Je vous ai attendu un bon bout de temps, assez longuement. Par antiphrase. En connaître, en savoir un bout, savoir beaucoup de choses. Expr. fig. et pop. Discuter le bout de gras, parler d’affaires communes.
▪ Spécialement. Objet, personne de petite dimension. Il a un bout de jardin. J’ai acheté un bout de terrain pour construire. Un bout de femme, une femme petite et menue. En parlant d’un enfant. Un petit bout d’homme, un petit bout de chou et, elliptiquement, un petit bout. Marque de domaine : spectacles. Cette actrice n’a qu’un bout de rôle à dire, juste quelques répliques. Bout d’essai, courte prise de vues permettant de déceler les aptitudes d’un acteur avant de l’engager pour un film. – Marque de domaine : marine. Un bout Prononciation : (t se prononce), un morceau de cordage et, par extension, un cordage, un filin. Amarrer un bout au quai. Larguez le bout !
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.