brûler

5e édition

BRÛLER.

v. a.
■  Consumer par le feu. Brûler une maison. Brûler des vaisseaux. Brûler du bois, de la paille, du charbon. Brûler des pastilles. Chez les Grecs et chez les Romains, on brûloit ordinairement les morts. Brûler un homme tout vif. Le brûler à petit feu.
Il signifie aussi, Faire du feu de quelque chose. En ce pays-là, on ne brûle que du charbon de terre, que de la tourbe, que du charbon.
On dit, En cette maison-là on ne brûle que de la cire, pour dire, qu’On ne se sert que de bougies ; et, On ne brûle que de la chandelle, on ne brûle que de l’huile, pour dire, On ne se sert que de chandelle, on ne se sert que de lampes à huile pour éclairer.
On dit proverbialement et figurém. qu’Un homme brûle sa chandelle par les deux bouts, pour dire, qu’Il mange son bien mal-à-propos, en faisant à la fois plusieurs dépenses différentes.
On dit proverbialement et figurém. J’en viendrai à bout, ou j’y brûlerai mes livres, pour dire, qu’On fera tout son possible, qu’on emploiera toutes sortes de moyens pour venir à bout de quelque chose.
On dit figurément, en parlant De lettres passionnées, qu’Elles brûlent le papier.
On dit, Brûler la cervelle à quelqu’un, pour dire, Lui casser la tête d’un coup de pistolet tiré à bout touchant.
Brûler du vin, C’est mettre du vin sur le feu pour le distiller et en faire de l’eau-de-vie.
Brûler, se prend aussi quelquefois pour, Échauffer excessivement, causer une violente chaleur, dessécher par une chaleur excessive. Cela me brûle, me brûle les mains. Cela brûle le sang. Il a une fièvre qui le brûle. Le soleil a brûlé toute la campagne. Le soleil lui a brûlé le teint.
On dit aussi par extension, Brûler, en parlant De l’effet du froid excessif. La gelée a brûlé la racine des arbres. La neige brûle les souliers.
On dit figurément et dans le style familier, Brûler un gîte, une poste, une étape, la dînée, pour dire, Passer un gîte, une poste, une étape, le lieu de la dînée, sans s’y arrêter.
Brûler. v. n. Être consumé par le feu. Voilà une maison qui brûle. On voyoit de loin des vaisseaux qui brûloient. Le bois sec brûle mieux que le bois vert.
Il signifie aussi simplement, Étre chaud. Touchez ses mains, elles brûlent. Les mains lui brûlent.
Brûler, au neutre, signifie figurément, Être possédé d’une violente passion, en être ardemment épris. C’est un homme qui brûle d’ambition. Il brûle d’amour. Il brûle pour elle. Il brûle du désir de se signaler.
Il se dit aussi pour exprimer simplement un grand désir, une extrême impatience de faire quelque chose. Je brûle de vous revoir. Je brûle d’aller là.
On dit figurément et proverbialem. d’Un homme inquiet et impatient de faire quelque chose, d’aller quelque part, que Les pieds lui brûlent.
Proverbialement et figurém. Quand quelqu’un n’a pas mis au jeu, et qu’on veut l’y faire mettre, on dit que Le tapis brûle. Et quand on veut faire hâter quelqu’un qu’on attend à dîner, et qui s’amuse trop, on dit, Pendant que vous vous amusez, le rôt brûle. Cela s’applique aussi à beaucoup d’autres choses.
Brûler, se met aussi avec le pronom personnel, et signifie, comme dans le neutre, Être brûlé. On ne peut toucher à cela sans se brûler.
On dit proverbialement et figurém. qu’Un homme est venu se brûler à la chandelle, Lorsque ne voulant que s’amuser auprès d’une jolie personne, il en devient amoureux. On le dit aussi d’Un homme qui, séduit par quelque apparence, tombe dans quelque inconvénient considérable, et est cause lui-même de sa perte. Il s’est venu brûler à la chandelle ; car s’imaginant qu’il n’y avoit point de preuves contre lui, il s’est remis en prison, et on lui a fait son procès.
On dit adverbialement, Tirer à brûle pourpoint, pour dire, Tirer à bout portant, et de si près, que l’on ne puisse guère manquer son coup ; et figurément et familièrem. Dire à quelqu’un ses vérités à brûle pourpoint, pour signifier, Les lui dire en face et sans ménagement. On dit de même, C’est une raison à brûle pourpoint, un argument à brûle pourpoint, pour dire, Une raison convaincante, un argument convaincant.
Brûlé, ée. participe. On appelle Pain brûlé, Du pain trop cuit ; et Vin brûlé, Du vin qu’on a mis sur le feu avec des épiceries.
On appelle figurément, cerveau brûlé, cervelle brûlée, Un fanatique, un homme qui porte tout à l’excès.
Brûlé, est aussi quelquefois substantif. Il sent ici le brûlé, c’est à-dire, On y sent l’odeur de quelque chose qui brûle, ou qu’on a brûlé. Cette bouillie sent le brûlé, a un goût de brûlé.
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