brûler

BRÛLER

conjugaison verbe transitif et intransitif
Étymologie : xiie siècle, bruller ; xviie siècle, brusler. Altération, sous l’influence de l’ancien français bruir, « brûler » (voir Brouir), de l’ancien français usler, « brûler », du latin ustulare, de même sens.

I.

I. Verbe transitif.
1.  Consumer, détruire par le feu. Brûler des mauvaises herbes, des feuilles mortes. Brûler de vieux papiers. L’ennemi se retira après avoir brûlé les maisons et les récoltes. On condamnait les hérétiques à être brûlés vifs. Les papillons venaient se brûler à la flamme de la bougie. Spécialement. Brûler un cierge. Brûler de l’encens. Fig. Brûler de l’encens devant quelqu’un, l’aduler, le flatter.
▪ Expr. fig. Brûler ce qu’on a adoré, renier publiquement son passé. Brûler ses vaisseaux, s’engager dans une affaire, dans une entreprise, de manière à s’ôter tout moyen d’y renoncer ou de s’en désister. Par cette démarche hardie, il vient de brûler ses vaisseaux.
2.  Utiliser comme combustible ; consumer pour le chauffage, l’éclairage. Dans cette région, on ne brûle que du bois, de la tourbe. Brûler du mazout, du gaz. Brûler une chandelle. Alcool à brûler. Par analogie. Brûler des calories. Fig. et fam. Brûler la chandelle par les deux bouts, ruiner sa santé ou sa fortune par ses excès.
▪ Spécialement. Brûler une cartouche, tirer un coup de feu. Ils s’emparèrent de la ville sans brûler une cartouche, sans tirer un seul coup de fusil. Fig. et fam. Brûler ses dernières cartouches, utiliser ses dernières réserves, faire usage de ses derniers arguments. Brûler la cervelle à quelqu’un, lui tirer une balle à bout portant dans la tête. Pron. Se brûler la cervelle.
3.  Altérer, endommager par brûlure. Il a été brûlé à la jambe. Elle s’est brûlé la main ou Elle s’est brûlée à la main. Ce fer trop chaud risque de brûler le linge. Par exagération. Se brûler la langue avec un thé bouillant. Le plat est encore trop chaud, il brûle les doigts. Spécialement. Carboniser en laissant cuire trop longtemps ou à feu trop vif. Vous allez brûler votre rôti.
▪ Expr. fig. L’argent lui brûle les doigts, dès qu’il a de l’argent, il le dépense. Se brûler les ailes, subir les conséquences néfastes de ce que l’on a entrepris.
4.  Spécialement. Brûler du café, le torréfier, donner aux grains le degré de cuisson nécessaire. Brûler du vin, du cidre (vieilli), les distiller pour en tirer de l’eau-de-vie.
5.  Produire les mêmes effets destructeurs que le feu ou provoquer les mêmes sensations de brûlure. La gelée a brûlé les jeunes pousses. Le vitriol, les acides concentrés brûlent la peau. Brûler un kyste, une verrue, une excroissance, au nitrate d’argent, au thermocautère. Par affaiblissement. Échauffer, causer une violente chaleur, dessécher par une chaleur excessive. Cette liqueur me brûle le palais, le gosier, l’estomac. La canicule a brûlé toute la campagne. Le soleil lui a brûlé le teint.
▪ Fig. En parlant d’un désir, d’une passion ardente ou d’un sentiment irrésistible, tourmenter quelqu’un. L’envie me brûle de lui dire ses quatre vérités. Par métonymie. La question me brûlait les lèvres.
6.  Expr. fig. Brûler les planches, en parlant d’un acteur de théâtre, jouer avec entrain, avec brio. Brûler le pavé, aller à très vive allure, par allusion aux étincelles qui jaillissaient des fers des chevaux lancés sur le pavé. Brûler l’étape, ne pas s’y arrêter et, par extension, brûler les étapes, aller droit au but sans suivre les cheminements ordinaires. Brûler un feu rouge, en parlant d’un véhicule, ne pas marquer l’arrêt obligatoire. Brûler la politesse à quelqu’un, le quitter brusquement, sans prendre congé. Brûler la consigne, ne pas la suivre. Marque de domaine : jeux de cartes. Brûler une carte, la mettre de côté, parce qu’elle a été vue ou parce que le joueur à qui on la propose use du droit de la refuser. Cette carte a été vue, brûlez-la.

II.

II. Verbe intransitif.
1.  Être détruit par le feu. La pinède brûle. Sa maison a brûlé. Fig. Les damnés qui brûlent en enfer.
2.  Se consumer. Le bois sec brûle mieux que le bois vert. Le coke brûle lentement. Faire brûler des pastilles, des parfums. Spécialement. Donner de la lumière, de la chaleur. Il y a devant cet autel une lampe qui brûle jour et nuit. Le feu sacré qui brûlait dans le temple de Vesta. Ce feu brûle bien.
3.  Subir les effets nocifs d’un feu trop vif ou d’une cuisson trop longue. Le rôti a brûlé. Expr. fig. et fam. Le torchon brûle, la concorde ne règne plus. Le torchon brûle dans ce ménage.
4.  Être très chaud. Ma peau brûle sous ce soleil torride. Touchez ses mains, elles brûlent. Brûler de fièvre. Fig. et fam. Les mains lui brûlent, il est impatient d’agir. Les pieds lui brûlent, il est impatient de sortir, de s’en aller.
5.  Fam. Marque de domaine : jeux de cartes. Le tapis brûle, se dit pour avertir qu’un des joueurs a oublié de miser. – Marque de domaine : jeux. Se dit également au jeu appelé cache-tampon pour avertir quelqu’un qu’il approche de l’endroit où est dissimulé l’objet à trouver. C’est froid, c’est tiède, tu brûles. Fig. Dans ses recherches, être tout près de découvrir la vérité. Vous n’y êtes pas encore, mais vous brûlez.
6.  Fig. Être possédé d’une violente passion. Brûler d’ambition. Il brûle d’amour. Il brûle pour elle, il en est très épris. Vous me faites brûler à petit feu, vous excitez trop longtemps mon impatience. Brûler de, suivi d’un infinitif, être très impatient de. Elle brûlait de venger son père. Brûler de savoir la vérité.
Orthographe
◇ Peut s'écrire brûler ou bruler, selon les rectifications orthographiques de 1990.
[règle §3] Les accents et le tréma • accents circonflexes sur î et û.
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