jeter

5e édition

JETER.

v. a. Conjugaison : Je jette. Je jetois. J’ai jeté. Je jetterai.
■  Lancer avec la main ou avec quelque autre chose. Jeter des pierres. Jeter un dard. Jeter un javelot. Jeter des fusées. Jeter des grenades. Jeter ses armes pour s’enfuir Jeter quelque chose au vent. Jeter quelque chose à la tête. Jeter de l’eau par la fenêtre. Jeter un filet pour pêcher. Jeter quelque chose au feu. Jeter de l’huile dans le feu. Cela n’est bon qu’à jeter au feu. Jeter de l’argent au peuple. Jeter des fleurs devant le Saint Sacrement. Jeter des marchandises à la mer. Jeter des hardes par la fenêtre. Jeter de l’eau-bénite Jeter quelque chose de haut en bas.
On dit aussi, jeter l’ancre, pour dire, La faire tomber dans la mer, pour arrêter le navire.
Ce mot Jeter, se dit encore en quantité de phrases. Se jeter dans le péril. Il s’y jette à corps perdu. Se jeter au cou de quelqu’un. Il se jeta sur son ennemi. Les chiens se jetèrent sur le loup. Jeter son venin. Jeter au sort. Jeter le dé. Jeter un coup d’œil sur quelque chose. Jeter les yeux sur un mémoire. Jeter des œillades. Il se jeta au milieu des ennemis. On dit, Jeter des larmes, pour dire, Pleurer ; Jeter un cri, jeter les hauts cris, pour dire, Crier ; et, Jeter un soupir, pour dire, Soupirer.
■ Jeter, se dit aussi pour, Mettre, comme dans cette phrase, Ce mot jette de l’obscurité dans le discours. Et l’on dit dans le même sens, Cela jette dans de grands embarras.
On dit, Se jeter dans un Couvent, pour dire, S’y retirer.
On dit, Jeter des propos, pour dire, Avancer des propos qui vont indirectement à insinuer ou à découvrir quelque chose. Ce ministre a jeté des propos de paix, de guerre.
On dit proverbialement et populairement, d’Un homme qui se croit bien fondé à espérer quelque avantage, qu’Il n’en jeteroit pas sa part aux chiens.
On dit figurément, Se jeter sur quelque chose, pour dire, S’y porter avidement. Les soldats se jetèrent sur ces provisions et les pillèrent. On servit une pyramide de fruits, tout le monde se jeta dessus.
On dit figurément, qu’Un homme ne jette rien, ne jette point son bien par les fenêtres, pour dire, qu’Il ne fait point de folles dépenses.
On dit figurément et familièrement, Jeter une chose à la tête de quelqu’un, pour dire, La lui offrir sans qu’il la demande. Ne pensez pas que je lui jette mon bien à la tête, que je lui jette ma fille à la tête.
On dit aussi figurément, Se jeter à la tête de quelqu’un ; et absolument, p. 754Se jeter à la tête, pour dire, S’offrir à lui avec empressement, et sans être recherché. Il ne faut pas se jeter à la tête des gens. Il y a de la bassesse et de l’imprudence à se jeter ainsi à la tête.
En termes de Fauconnerie, on dit, Jeter le faucon, pour dire, Le laisser partir pour le vol. À l’égard de l’autour, on dit, Lâcher.
On dit, Jeter une dévolu sur un Bénéfice, pour dire, Impétrer en Cour de Rome les Provisions d’un Bénéfice qu’on prétend vaquer par incapacité de la personne, ou la nullité du titre du Titulaire.
On dit figurément, Jeter les fondemens d’un Empire, d’un édifice, pour dire, Être le premier à en faire l’établissement. Louis XV a jeté les fondemens de l’École Royale Militaire.
On dit figurément, qu’Un Moine a jeté le froc aux orties, pour dire, qu’Il a quitté l’habit religieux, et qu’il a apostasié. On le dit aussi d’Un Novice qui a quitté l’habit avant la Profession ; et par extension, on le dit d’Un jeune homme qui étoit dans l’État Ecclésiastique, sans avoir les Ordres, et qui a changé d’etat.
On dit figurément et proverbialement, qu’Un homme a jeté son plomb sur quelque chose, pour dire, qu’Il a des vues sur quelque chose, qu’il a formé dessein de l’obtenir.
On dit proverbialement et figurément, Jeter le manche après la cognée, Lorsque dans un malheur, au lieu de songer au remède, on abandonne tout.
On dit figurément et proverbialement, Je jetai mon bonnet par-dessus les moulins, pour dire, Je ne sais plus la suite du conte, je ne sais plus où j’en suis.
On dit aussi De quelqu’un, qu’Il a jeté son bonnet par-dessus les moulins, pour dire, qu’Il ne garde plus aucune décence, aucun ménagement dans sa conduite.
On dit figurément et proverbialement d’Un homme qui renonce à deviner quelque chose, qu’Il a jeté sa langue aux chiens.
On dit proverbialement par forme de mépris, qu’Un homme n’est pas bon à jeter aux chiens.
On dit figurément, Jeter de la poudre aux yeux de quelqu’un, pour dire, Eblouir, surprendre par de faux brillans. Il a jeté de la poudre aux yeux à toute l’Assemblée. Il croyoit nous jeter de la poudre aux yeux. Ce discours a bien jeté de la poudre aux yeux.
On dit de même figurément, Jeter les yeux sur quelqu’un, pour dire, Le destiner à quelque poste, à quelque emploi.
On dit aussi figurément, Jeter son soupçon sur quelqu’un, pour dire, Soupçonner quelqu’un ; Jeter des soupçons contre quelqu’un, pour dire, Faire soupçonner quelqu’un ; et, Jeter des soupçons dans l’esprit de quelqu’un, pour dire, Faire naître des soupçons dans l’esprit de quelqu’un.
On dit figurément, Jeter des hommes, jeter de l’Infanterie, de la Cavalerie, jeter des munitions, des vivres dans une Place, pour dire, Les y faire entrer promptement dans le besoin.
■ Jeter, se dit aussi Des arbres et des plantes qui produisent des bourgeons ou des scions. Cette vigne a bien jeté du bois. Cet arbre a jeté bien des scions. Et absolument, Les arbres commencent à jeter. La vigne ne jette pas encore.
Il se dit aussi De l’eau qui jaillit avec impétuosité. Une fontaine qui jette gros, qui jette tant de pieds de haut.
Il se dit aussi Des ulcères, des apostèmes, etc. Cet apostème jette du pus. Ces ulcères, ces pustules jettent beaucoup. Sa plaie commence à jeter.
■ Jeter, se dit d’Un cheval lorsqu’il a un écoulement ou un flux par les naseaux, d’une matière ou d’une humeur plus ou moins épaisse, blanchâtre, verdâtre, noirâtre ou sanguinolente. Ce cheval jette sa gourme, une fausse gourme. Ce cheval jette, il est morfondu. Ne soyez point surpris si ce cheval jette, la dépuration du sang se fait le plus communément dans cet animal par la membrane pituitaire.
Il se dit encore Des mouches à miel qui produisent et mettent dehors un nouvel essaim. Ces mouches n’ont point jeté cette année. Les bonnes mouches jettent deux fois l’an. Cette ruche n’a pas encore jeté.
On dit d’Un cerf, qu’Il jette sa tête, pour dire, qu’Il quitte son bois.
■ Jeter une draperie. Terme de Peinture. Voyez Jet.
■ Jeter, signifie encore, Calculer avec des jetons. Jetez ces sommes-là. Je les ai jetées, et j’ai trouvé qu’elles montent à … Apprendre à jeter. Il est de peu d’usage.
■ Jeter, se dit encore, soit activement, soit neutralement, pour dire, Faire couler du métal fondu dans quelque moule, afin d’en tirer une figure. Jeter en sable. Jeter en moule. Jeter une figure, une statue en bronze. Jeter en argent. Ce fondeur jette bien.
On dit figurément et familièrement, qu’Une chose ne se jette pas en moule, pour dire, qu’Elle ne se fait pas facilement, promptement.
■ Jeté, ée. participe.
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