noir, noire

5e édition

NOIR, NOIRE.

adj.
↪ voir aussi : Noire (n. f.)
■  Qui est de la couleur la plus obscure de toutes, et la plus opposée au blanc. Une barbe noire. Des cheveux noirs. Un cheval noir. Du drap noir. Habit noir. Robe noire. Cette encre n’est pas assez noire. Du raisin noir. De la bile noire. Noir comme jais. Noir comme de l’encre. Noir comme du charbon. Noir comme un corbeau, comme la cheminée.
Noir, se dit aussi De certaines choses qui approchent de la couleur noire. Du pain noir. Cette femme a la peau noire. Des yeux noirs. Des dents noires.
On appelle Bêtes noires, Certaines bêtes, comme le sanglier, à la différence de celles qu’on appelle fauves, comme le cerf, etc.
On appelle aussi Viande noire, Certains animaux dont la chair tire un peu sur le noir, comme le lièvre, la bécasse, etc. à la différence des autres viandes qui sont blanches, comme le veau, le poulet, etc.
On appelle Blé noir, Une sorte de blé qu’on nomme autrement, Du blé sarrasin.
Noir, signifie aussi Livide, meurtri. On l’a tant battu, qu’il est tout noir de coups.
Il signifie aussi Obscur. Nuit noire. Des cachots noirs. Des antres noirs. Il y fait noir comme dans un four. Le temps est noir. Une nuée noire.
On appelle Froid noir, Le froid qu’il fait quand le temps est fort couvert.
Noir, signifie aussi, Sale, crasseux ; et il se dit Du linge et des mains. Son linge est toujours noir. Lavez vos mains, elles sont toutes noires.
Noir, signifie quelquefois figurément, Triste, morne, mélancolique. C’est un esprit noir et rêveur. Il a une humeur noire. Il a des vapeurs noires qui lui montent au cerveau. Un noir chagrin.
Noir, se dit encore figurément, tant Des crimes et des mauvaises actions, que des personnes qui les commettent. Un crime extrêmement noir. Une noire trahison. Une malice noire. Un noir attentat. Fut-il jamais d’action plus noire, que de livrer son ami ? Avoir l’âme noire. On m’a fait cet homme bien noir, on me l’a dépeint bien noir.
On dit, Rendre noir, pour dire, Diffamer, faire passer quelqu’un pour méchant et criminel. On l’a rendu bien noir dans cette affaire.
On dit proverbialement, qu’Un homme n’est pas si diable qu’il est noir, pour dire, qu’Il n’est pas si austère, si sévère, que son extérieur pourroit le faire croire.
Noir, est aussi substantif, et signifie, La couleur noire, ou ce qui est de couleur noire. Un beau noir. Un noir garancé. Un noir de jais. Un vilain noir. Noir foncé. Teint en noir. Chambre tendue de noir. On a barbouillé cette muraille de noir. Il s’habille de noir. Il porte le noir. Il est en noir. Il n’y a pas long-temps qu’elle a pris le noir. Il y a autant de différence de l’un à l’autre, que du blanc au noir.
On dit figurém. qu’Un homme passe du blanc au noir, qu’il va du blanc au noir, pour dire, qu’Il passe tour-à-tour aux deux contraires, qu’il passe d’une extrémité à l’autre.
On dit d’Un homme qui ne sait pas lire, et à qui on présente un livre, un papier écrit, qu’Il n’y connoît que le blanc et le noir.
Noir. s. m. Nègre. Il se dit par opposition à Blanc. Il a trois Blancs et vingt Noirs dans sa sucrerie.
Noir à noircir, ou plus communément, Noir de fumée. Espèce de poudre noire, faite de la fumée de la poix-résine brûlée, qu’on ramasse dans une chambre, ou dans un vaisseau fermé par en haut et tapissé de peaux de mouton, d’où on la fait sortir en les secouant. On en fait l’encre d’imprimerie, en mêlant le noir avec de l’huile de noix ou de lin, bouillie avec de la térébenthine.
On dit figurément d’Un homme sujet à prendre les choses du côté fâcheux, à prévoir les évènemens tristes et funestes, qu’Il voit noir, en noir, qu’il voit bien noir, qu’il voit tout noir. Cet homme voit noir dans toutes les affaires.
On dit figurément et familièrement, Faire du noir, broyer du noir, pour dire, Se livrer à des reflexions tristes.
On dit de même, S’enfoncer dans le noir, dans son noir, pour, S’abandonner à des pensées mélancoliques, s’y plonger en quelque sorte. Ne vous enfoncez pas ainsi dans votre noir.
En jouant à Colin-Maillard, on crie, Gare le pot au noir, pour Avertir celui qui a les yeux bandés, de prendre garde qu’il n’aille heurter contre quelque chose.
On dit figurément et proverbialement, Vendre du noir, pour dire, Tromper quelqu’un, lui en faire accroire. Il m’a vendu du noir.
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