tailler

5e édition

TAILLER.

v. a.
■  Couper, retrancher d’une matière, en ôter avec le marteau, le ciseau, ou autre instrument, ce qu’il y a de superflu, pour lui donner certaine forme, pour la mettre en certain état. Tailler une pierre pour la faire servir à un bâtiment. Tailler un bloc de marbre pour en faire une colonne, pour en faire une statue. Tailler des arbres pour les rendre plus beaux. Tailler des palissades. Tailler des arbres fruitiers, des arbres nains, dans le temps convenable, pour leur faire porter plus de fruit. Tailler la vigne dans sa saison. Tailler une plume à écrire. Tailler une pierre précieuse. Tailler un diamant.
■ Tailler, se dit aussi, en parlant De certaines choses qui se coupent en plusieurs morceaux, en plusieurs pièces, soit avec le couteau, soit avec des ciseaux. Tailler des soupes. Tailler la soupe. Tailler des morceaux. Tailler du pain par morceaux. Tailler un habit, un manteau. Tailler des chemises. Tailler de l’ouvrage, de la besogne. Cet ouvrier taille bien. Tailler un habit en plein drap, etc.
On dit figurément, Tailler en pièces une armée, pour, La défaire entièrement ; et dans le même sens on dit, Tailler en pièces un Régiment, une Compagnie.
On dit figurément et familièrement, Tailler des croupières à une troupe de gens de guerre, pour, La mettre en fuite, la poursuivre ; et proverbialement, Tailler des croupières à quelqu’un, pour, Lui susciter des affaires, des embarras, lui donner bien de l’exercice.
On dit figurément et familièrement, Tailler de la besogne à quelqu’un, pour, Lui susciter bien des affaires, ou lui donner beaucoup de choses à faire. C’est un chicaneur, il m’a taillé bien de la besogne. Voilà bien des commissions, vous me taillez plus de besogne que je n’en puis faire.
On dit figurément et familièrement, Tailler les morceaux à quelqu’un, pour, Lui limiter ce qu’il doit dépenser, ou lui prescrire ce qu’il doit faire. Il lui a taillé ses morceaux. On nous a taillé nos morceaux bien courts, bien court, etc.
On dit figurément et proverbialement, Tailler et rogner, pour dire, Disposer des choses à sa fantaisie. Il p. 628est le maître dans cette maison, il taille et rogne à son gré, comme il veut. Nous avons pris des arbitres ; qu’ils taillent et qu’ils rognent comme il leur plaira.
On dit aussi figurément et proverbialement, qu’Un homme peut tailler en plein drap, qu’il a de quoi tailler en plein drap, pour dire, qu’Il a amplement et abondamment tout ce qui peut servir à l’exécution de son dessein ; et qu’Un homme a taillé en plein drap, pour dire, qu’Il a été en pouvoir de faire ce qu’il a voulu.
■ Tailler, signifie aussi, Inciser, faire une incision pour tirer la pierre de la vessie. Il a la pierre, on ne sauroit le guérir sans le tailler. Il a été taillé deux fois. Il a été taillé de la pierre.
■ Tailler, se dit aussi, en parlant De certains jeux de cartes, comme la Bassette et le Pharaon, où un seul, qu’on nomme le Banquier, tient les cartes et joue contre plusieurs. Tailler à la Bassette, au Pharaon. Qui nous veut tailler ? Il a promis de tailler après souper. En cette signification, il est neutre.
■ Taillé, ée. participe.
On dit, qu’Un homme est bien taillé, pour dire, qu’Il est bien fait, qu’il a le corps bien proportionné.
On dit, qu’Un ouvrage est taillé à la serpe, pour dire, Grossièrement exécuté.
On appelle Cotte mal taillée, Un arrêté en gros, sans égard à ce qui peut appartenir à chacun à la rigueur. Ils étoient en contestation sur plusieurs sommes respectivement dues, ils ont fait une cotte mal taillée. Voyez Cotte.
■ Taillé, est aussi un terme de Blason, et se dit d’Un écu, lorsqu’il est partagé en deux parties égales, par une ligne tirée de la gauche du chef à la droite de la pointe. Il porte taillé d’argent et de gueules.
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