tout
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Entièrement, complètement, sans exception, sans réserve. Je suis tout à vous. Il est tout dévoué à votre service. Il est tout en Dieu. Ils furent tout étonnés. Il est tout autre que vous ne l’avez vu. C’est maintenant tout un autre homme, ou mieux un tout autre homme. Il est tout malade. Ces fruits sont tout autres que les premiers. Les chevaux de ce poil-là sont ordinairement tout bons ou tout mauvais. Du vin tout pur. Ces vins-là veulent être bus tout purs. C’est un enfant tout plein d’esprit. Ce sont des enfants tout pleins d’esprit. Ce sont des gens tout pleins de cœur. C’est tout le même homme que vous avez connu. Il est difficile de prendre ces animaux tout vivants. Bien des gens s’y tromperaient, et vous tout le premier.
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Tout, adverbe, étant mis immédiatement devant un adjectif féminin qui commence par une consonne ou une H aspirée, reçoit le genre et le nombre du nom ou du pronom auquel cet adjectif se rapporte. Elle est toute malade. Elles furent toutes surprises de le voir. Des femmes toutes pénétrées de douleur. De l’eau-de-vie toute pure. C’est une femme toute pleine de cœur. Elle en est toute honteuse. C’est toute la même chose. Mais devant les adjectifs féminins qui commencent par une voyelle ou une H non aspirée, Tout redevient invariable. Sa maison est tout autre qu’elle n’était. Un chien qui a les oreilles tout écorchées. Avoir les mains tout emportées. Des femmes tout éplorées. Elle est tout absorbée dans ses réflexions.
Il y a néanmoins certains cas où Tout, placé devant un adjectif féminin singulier, commençant par une voyelle ou une H non aspirée, reçoit également le genre du nom ou du pronom auquel cet adjectif se rapporte, et redevient lui-même un véritable adjectif : c’est lorsqu’il sert moins à exprimer une sorte d’excès ou d’intensité, qu’à désigner l’ensemble, la totalité des différentes parties d’une chose. La forêt lui parut toute enflammée. Au langage près, la comédie, chez les Romains, fut toute athénienne. Souvent l’adjectif féminin est remplacé par une expression équivalente ; on observe alors la même distinction. Ainsi dans les phrases qui suivent, on emploie tout adverbe, parce qu’il s’agit d’exprimer l’excès, l’intensité : Elle était tout en larmes, Elle pleurait beaucoup, excessivement ; Elle est tout à son devoir, Elle est entièrement occupée de son devoir. Au contraire, dans les deux suivantes, on emploie l’adjectif toute, parce qu’on veut exprimer la totalité. La maison était toute en feu, Toute la maison brûlait. Cette maison est toute à lui, Il n’y a aucune partie de cette maison qui ne lui appartienne.
Il faut aussi distinguer entre ces deux locutions : C’est tout autre chose, et Demandez-moi toute autre chose. Dans la première tout est adverbe et signifie Entièrement, tout à fait ; il doit s’écrire, tout. Dans la seconde, toute est adjectif : Demandez-moi toute chose autre que celle que vous me demandez ; et il faut écrire, toute.
Si une femme écrit, Je suis tout à vous, c’est une expression de politesse, qui signifie : Je suis entièrement à vous ; je suis toute disposée à vous rendre service. Mais si elle écrit, Je suis toute à vous, c’est une expression de tendresse qui veut dire, Je vous consacre ma vie, mon existence entière.
On écrivait et l’on imprimait autrefois Toute devant les adjectifs féminins, commençant par une voyelle ou par une H non aspirée. Elle était toute inquiète, toute alarmée. Ce succès l’a rendue toute heureuse. C’est Vénus toute entière à sa proie attachée. Quelques personnes suivent encore cette ancienne orthographe.
Dans Tout entier, employé comme une seule expression, Tout reste invariable, soit qu’on veuille indiquer la totalité ou l’intensité de quelque chose. Ce pâté, ce pain est encore tout entier. Les grands hommes ne meurent pas tout entiers. Une heure tout entière s’écoula. Des masses tout entières de rochers se sont détachées de la montagne. Cette femme est tout entière à ce qu’elle fait. Voyez Tout, adjectif.
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Tout, reste également invariable dans les locutions, Tout cœur, tout esprit, tout zèle, etc., Plein de cœur, plein d’esprit, plein de zèle, etc. C’est une femme qui est tout cœur. Ce sont des gens qui sont tout cœur, tout esprit. Elle est, pour ses amis, tout zèle, tout dévouement. On dit de même, Être tout œil et tout oreille, tout yeux et tout oreilles, Regarder et écouter attentivement. Elles étaient tout yeux et tout oreilles.
Fam., Cet enfant est tout le portrait de son père, Il lui ressemble parfaitement.
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Tout, se joint avec plusieurs prépositions p. 871ou adverbes, et avec plusieurs locutions, pour leur donner plus d’énergie. Il le lui dit tout froidement. Tout doucement. Parler tout haut, tout bas. Je vous le dis tout franc, tout net. Tout au moins. Tout du moins. Tout autant. Tout aussi bien que lui. Tout ainsi que. Tout comme vous voudrez. C’est tout au plus. Tout de son long. Tout le long. Tout au long. Tout de suite. Tout droit. Tout de travers. Tout court. Tout en haut. Tout en bas. Tout à côté. Tout contre. Tout auprès. Tout au travers du corps. Tout autour. Tout au plus. Etc.
Il sert même à former certaines locutions dont on ne peut le retrancher sans détruire ou altérer le sens. Tout à coup. Tout d’un coup. Tout à fait. Tout de go. Tout du long. Tout à l’heure. Tout de bon. Tout beau. Tout doux. Voyez Coup, Fait, etc.
Fam., Ce que vous dites là sont tout autant de fables, sont tout autant de visions, Les choses que vous nous dites ne sont que des fables, des visions.
Fam., C’est tout un, Cela revient au même, cela est égal. On dit proverbialement, C’est tout un, mais ce n’est pas de même, Cela revient au même, quoique ce ne soit pas la même chose.
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Tout, adverbe, s’emploie aussi avec toutes sortes d’adjectifs, et même avec certains substantifs, dans la signification de Quoique, encore que, ou de Quelque. En ce sens, il prend l’accord devant les adjectifs féminins qui commencent par une consonne ou une H aspirée. Tout sage qu’il est. Tout votre ami qu’il est. Tout blessé qu’il était. Tout habiles et tout artificieux qu’ils sont. Ces hardes sont usées ; mais, tout usées qu’elles sont, elles peuvent encore servir. Tout ingrate qu’elle est. Toute femme qu’elle est. Toutes raisonnables qu’elles sont… On dit à peu près de même, Tout en riant, tout en plaisantant, tout en murmurant, etc., Bien que ce soit, que ce fût en riant, en plaisantant, etc. Il lui dit ses vérités tout en riant. Il sortit tout en grondant.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- tourterelle, n. f.
- tourtière, n. f.
- tourtre, n. f. [7e édition]
- touselle, n. f.
- toussaint, n. f.
- tousser, v. intr.
- tousserie, n. f.
- tousseur, -euse, n.
- toussotement, n. m.
- toussoter, v. intr.
- tout, toute, adj. indéf., pr. indéf., adv. et n.
- tout-à-fait, adv. [1re édition]
- tout-à-l'égout, n. m. inv.
- tout-beau, interj. [1re édition]
- tout courant, loc. adv. [8e édition]
- toute-bonne, n. f. [7e édition]
- toute-épice, n. f. [7e édition]
- toutefois, adv.
- toutenague, n. f. [8e édition]
- toute-puissance, n. f. inv.
HISTOIRE DU MOT
- tout, te [I], adj. [1re édition] tout [II], adv. [1re édition] tout, n. [1re édition]
- tout, te [I], adj. [2e édition] tout [II], n. [2e édition] tout [III], adv. [2e édition]
- tout, te [I], adj. [3e édition] tout [II], n. m. [3e édition] tout [III], adv. [3e édition]
- tout, te [I], adj. [4e édition] tout [II], n. m. [4e édition] tout [III], adv. [4e édition]
- tout, te [I], adj. [5e édition] tout [II], n. m. [5e édition] tout [III], adv. [5e édition]
- tout, toute [I], adj. [6e édition] tout [II], n. m. [6e édition] tout [III], adv. [6e édition]
- tout, toute [I], adj. [7e édition] tout [II], n. m. [7e édition] tout [III], adv. [7e édition]
- tout, toute, adj. [8e édition]
- tout, toute, adj. indéf., pr. indéf., adv. et n.