revenir

REVENIR

conjugaison verbe intransitif Conjugaison : (se conjugue comme Tenir, avec l’auxiliaire Être).
Étymologie : xe siècle. Issu du latin revenire, de même sens, lui-même composé du préfixe re‑, qui marque le retour en arrière ou l’intensité, et de venire, « venir ».

I.

I. Venir de nouveau.
1.  Se rendre une nouvelle fois en un lieu, auprès de quelqu’un. Le médecin doit revenir ce soir. Revenez dans deux heures. L’assassin est revenu sur les lieux de son crime. Dis, quand reviendras-tu ?
▪ Expr. fig. Revenir à la charge, réitérer ses démarches, ses requêtes, ses reproches. Je reviens vers vous, formule par laquelle on reprend contact avec un interlocuteur (cette formule est à éviter en dehors de la correspondance administrative et commerciale). Avec le pronom adverbial y. C’est bon pour cette fois, mais n’y revenez pas ! ne recommencez pas.
2.  Reparaître après avoir disparu, se manifester, surgir de nouveau. Le printemps revient. Le calme est revenu. Les forces, l’appétit lui reviennent. Sous ces latitudes, la mousson revient deux fois par an. Cette question n’a pas manqué de revenir dans la conversation.
▪ Expr. fam. Revenir sur le tapis, être de nouveau mentionné, débattu, souvent en parlant d’un sujet controversé. C’est toujours cette vieille histoire qui revient sur le tapis.
3.  Croître de nouveau, repousser. Les noisetiers que l’on avait coupés reviennent bien. Le gazon ne revient pas à cet endroit. Les bois des Cervidés reviennent chaque année. Impers. On a beau arracher ces ronces, il en revient toujours.
4.  Fig. Considérer, examiner, évoquer de nouveau. Revenir sur un problème, sur une affaire. Revenir sur un travail pour le corriger. Revenir sur soi, sur soi-même, juger sa conduite, se livrer à un examen de conscience. Ne revenons pas sur le passé ! Inutile de revenir là-dessus, inutile d’y revenir. Il en revient toujours là, il parle toujours de la même chose, il s’y arrête sans cesse.
▪ Par extension. Changer de sentiment, d’opinion ; se dédire. Je reviens sur ce que j’ai dit, sur ma déclaration. Revenir sur ses engagements, sa décision, sa parole. Loc. Revenir sur le compte de quelqu’un, modifier en bien ou, plus souvent, en mal son jugement sur lui. Je suis bien revenu sur son compte.

II.

II. Regagner son point de départ, un lieu donné.
A.  En parlant d’une personne.
1.  Se rendre de nouveau dans un lieu d’où l’on était parti, notamment celui où l’on réside habituellement. Il n’en a pas pour longtemps, il ne fait qu’aller et revenir. Je reviens tout de suite. Revenir au pays, au logis. Revenir d’un voyage, de Paris, de l’école. Il est revenu blessé, chargé de lauriers. Revenir sur ses pas, revenir en arrière. Par analogie. Un animal qui revient mourir au gîte.
▪ Pron. Avec le pronom adverbial en. Il s’en est revenu par une autre route.
▪ Dans un sens temporel. On se croirait revenu dix ans plus tôt.
▪ Expr. Revenir dans les fourgons de l’étranger, voir Fourgon II. Fig. Le pays d’où l’on ne revient pas, la mort. Revenir de loin, voir Loin. Fam. Revenir à la case départ, voir Case. Revenir de l’autre monde, revenir de Pontoise, n’être pas instruit de ce qui est arrivé depuis peu et que tout le monde sait, s’ébahir mal à propos.
▪ Fig. Éprouver de nouveau pour quelqu’un des sentiments qu’on avait pour lui auparavant. Cet époux infidèle est revenu à sa femme. Tous ses anciens amis lui reviennent. Spécialement. Revenir à Dieu, retrouver la foi, la piété (on dit aussi, moins souvent, Retourner à Dieu).
2.  Retourner à ce qu’on prend comme repère, comme référence. Ils ont pris un chemin de traverse puis sont revenus sur la route principale. Revenir à la ligne pour commencer un nouveau paragraphe.
▪ Spécialement. Marque de domaine : sports. Revenir sur un adversaire, un concurrent, rejoindre celui qui vous a distancé lors d’une course, d’une poursuite, regagner du terrain sur lui. Revenir à la marque, combler son retard, se rapprocher de l’égalité.
3.  Retrouver un état plus favorable, notamment après avoir connu des difficultés, éprouvé une vive émotion. Revenir en grâce, en faveur. Un auteur qui revient à la mode. Revenir à de meilleurs sentiments, à la raison. Revenir de sa frayeur, de son étonnement. Dans une phrase négative. Je ne reviens pas de ce que j’ai appris (vieilli) ou je n’en reviens pas, j’ai du mal à croire cela, j’en suis stupéfait.
▪ Loc. Revenir de maladie ou en revenir, se rétablir, recouvrer la santé. On le croyait perdu, mais il en est revenu. Revenir à soi, reprendre ses esprits après un évanouissement, une faiblesse ; fig., redevenir raisonnable et, par extension, recouvrer son calme. La colère sembla l’emporter mais il revint à lui presque aussitôt.
4.  Reprendre ce qu’on avait interrompu, délaissé, abandonné. Revenir à ses études, à son ancien métier. Revenir à sa première idée. Revenir à ses habitudes. Pour revenir, pour en revenir à ce que nous disions, s’emploie après une digression, une interruption. Revenons à nos moutons, voir Mouton. Revenir à ses premières amours.
5.  Se détacher de ce qui a un temps attiré, intéressé, retenu, ou y renoncer. Revenir des plaisirs du monde. On commence à revenir de cette mode. Il a longtemps soutenu cette théorie, mais il en est revenu. Revenir des égarements de sa jeunesse. Revenir de ses erreurs, les reconnaître comme telles, s’en libérer. Il est revenu de tout, il est désabusé, désenchanté.
B.  En parlant d’une chose.
1.  Faire retour à son point d’origine. La balle est revenue le frapper par ricochet. La lettre nous est revenue. Ce meuble de famille est revenu en notre possession. Fig. Son nom me revient en tête, en mémoire, à l’esprit ou, elliptiquement, son nom me revient. Impers. Il me revient que, je me souviens que.
▪ Pop. et plaisant. Voici mon stylo, mais il s’appelle « Reviens », j’entends bien le récupérer.
▪ Par extension. En parlant d’un propos, être porté à la connaissance de celui qu’il concerne. Ce que vous avez dit sur moi me revient de tous côtés. Certaines calomnies lui sont revenues aux oreilles, lui sont revenues. Impers. Il me revient que vous vous plaignez.
▪ Expr. proverbiale. Chassez le naturel, il revient au galop, voir Naturel.
2.  Retrouver l’état qui convient. Cette nappe est bien revenue au lavage. Revenir à la normale, voir Normal.
3.  Spécialement. Marque de domaine : cuisine. Faire revenir un aliment, le saisir rapidement dans la matière grasse. Faire revenir des oignons, de la viande, des champignons.

III.

III. Avoir un rapport d’égalité, de conformité avec une autre chose.
1.  Équivaloir à quelque chose. Tout bien considéré, l’un revient à l’autre, les deux solutions reviennent au même. Partir ou rester, cela revient au même. Cela revient à dire que…
▪ Spécialement. Occasionner une certaine dépense, coûter telle somme. Le voyage est revenu à mille euros par personne. Cela nous reviendrait trop cher.
2.  Convenir, s’accorder à quelque chose (vieilli). Cette couleur revient bien à celle de votre habit. Son humeur revient à la mienne. Ne s’emploie plus guère que dans la locution familière Revenir à quelqu’un, lui plaire, lui inspirer confiance, sympathie. Cet homme ne me revient pas. Elle a une tête, des manières qui ne me reviennent guère.

IV.

IV. Échoir, être attribué à quelqu’un ou lui être légitimement dévolu.
Le profit qui lui revient de la vente. La succession, tombée en déshérence, est revenue à l’État. Tout le mérite de cette découverte lui revient de droit, lui revient. Impers. Il ne lui est rien revenu de la fortune de sa mère. Il ne vous en reviendra que des ennuis.
▪ Par extension. Incomber à quelqu’un, relever de sa responsabilité. C’est à lui que revient cette tâche ingrate. Impers. Il vous revient de résoudre ce problème.
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