tête

TÊTE

nom féminin
Étymologie : xie siècle. Issu du latin testa, « brique, tuile » et « coquille des mollusques ; carapace des tortues », puis, en latin populaire, « crâne ».

I.

I. En parlant d’une personne ou d’un animal.
A.  Partie du corps.
1.  Partie supérieure du corps de l’homme, ou partie supérieure ou antérieure du corps des animaux vertébrés, qui contient la boîte crânienne et l’encéphale et où se trouvent les principaux organes des sens. Le devant, le derrière, le sommet, le haut de la tête. Lever, baisser, tourner, hocher la tête. Garder son chapeau sur la tête. Faire signe de la tête, faire un signe de tête. Tout condamné à mort aura la tête tranchée. Être, rester tête nue, nu-tête. Il a un beau port de tête. Chez l’homme et chez de nombreux tétrapodes, la tête est unie au tronc par le cou, alors que chez les poissons, elle tient immédiatement au reste du corps. La tête d’une vache, d’un cygne, d’une tortue. Par analogie. La tête des insectes porte les antennes et les pièces buccales. La tête d’un mollusque.
▪ Par métonymie. Boîte crânienne. En tombant, il s’est fracassé la tête. Tête de mort, crâne humain et, par extension, représentation de ce crâne, qui symbolise souvent la mort ou un danger de mort. Désigne aussi le cuir chevelu et les cheveux. Une tête grise. Se laver la tête.
▪ Spécialement. Marque de domaine : musique. Voix de tête, voix dont le registre est aigu, les cordes vocales, comprimées par des cartilages du larynx, étant fines et tendues et ne vibrant que sur les deux tiers de leur longueur (en parlant d’une voix masculine, on dit plus souvent Voix de fausset). – Marque de domaine : équitation. Porter la tête au vent ou, elliptiquement, porter au vent, en parlant d’un cheval, lever la tête très haut. Tête au mur, exercice consistant, pour un cheval, à se déplacer de biais, la tête longeant le bord extérieur de la piste et la croupe tournée vers l’intérieur. En tête, se dit des marques, des taches qu’un cheval peut porter sur le front et qui entrent dans son signalement. Pelote, étoile en tête. – Marque de domaine : cuisine. Pâté de tête, fromage de tête, préparation faite à partir d’une tête de porc désossée et coupée, que l’on a accommodée en gelée et moulée dans une terrine. Tête de veau, dont on conserve la peau, la cervelle et la langue, et que l’on apprête de diverses façons. Tête de veau à la sauce gribiche.
▪ Par extension. Représentation de cette partie du corps. Les armes de l’empire d’Autriche comportaient une aigle à deux têtes. Surtout dans des domaines spécialisés. Marque de domaine : beaux-arts. Une collection de têtes antiques. Une tête peinte, sculptée. Une tête de Carrache. Tête laurée, nimbée. Têtes accolées, accouplées, voir Accoler, Accoupler. Rosa Bonheur a peint nombre de têtes d’animaux. – Marque de domaine : jeux. Tête de Turc, dans les foires, les fêtes foraines, sorte de dynamomètre formé d’une tête enturbannée sur laquelle on frappait le plus fort possible à l’aide d’un maillet ; fig., celui, celle qui est constamment en butte aux attaques, aux railleries. – Marque de domaine : coiffure. Tête à perruque, voir Perruque. – Marque de domaine : héraldique. Tête de Maure, voir Maure.
▪ Fig. Personne, ensemble de personnes qui exerce une autorité sur un groupe, le dirige. On a touché, frappé la rébellion à la tête. Après cette arrestation, l’organisation se retrouva sans tête.
2.  Loc. et expr.
–  La tête, considérée selon sa place, à savoir la partie la plus haute ou la plus avancée du corps. De la tête aux pieds, des pieds à la tête, de haut en bas, de bas en haut ; entièrement. Examiner, dévisager quelqu’un des pieds à la tête. Il a fallu changer cet enfant de la tête aux pieds. Renverser quelqu’un cul par-dessus tête (fam.), le faire basculer sur le dos. Fig. Avoir la tête sur les épaules, bien plantée sur les épaules, faire preuve de bon sens, de réalisme. Avoir la tête près du bonnet (fam.), être prompt à la colère. Sans queue ni tête, se dit d’une situation, d’une histoire, d’un raisonnement dépourvus de sens, absurdes. Manger la soupe sur la tête de quelqu’un (fam.), le dépasser nettement en taille. Dominer quelqu’un de la tête et des épaules, être beaucoup plus compétent que lui, avoir une plus grande valeur. Marcher sur la tête, agir contre toute raison. Fam. En avoir par-dessus la tête, jusque par-dessus la tête, être exaspéré par quelque chose, quelqu’un. Avoir du travail par-dessus la tête, plus qu’on n’en peut faire. Cela lui passe par-dessus la tête, il n’y entend rien. Prov. Le poisson pourrit d’abord par la tête, voir Poisson.
–  La tête, considérée selon son aspect, sa forme ou ses éléments constitutifs. Couleur tête de maure ou, elliptiquement, tête de maure, d’un brun foncé. Une tête en casse-noisettes, dont le nez et le menton sont excessivement rapprochés. Fig. Avoir la grosse tête, avoir une haute opinion de soi, se donner une importance exagérée. Faire à quelqu’un une tête au carré (pop.), lui frapper le crâne à coups de poing. Avoir les cheveux qui se dressent sur la tête, être épouvanté, horrifié. Avoir les yeux hors de la tête, manifester un très vif étonnement, une forte indignation. Coûter les yeux de la tête, un prix exorbitant.
–  La tête, considérée selon le maintien qu’on lui donne, le mouvement qu’on lui imprime. Se dévisser la tête (pop.), chercher à regarder en arrière en tendant, en tordant exagérément le cou. Rentrer la tête dans les épaules, se recroqueviller ; se tasser par gêne, par peur. Lever la tête, marcher avec assurance ou, fig., s’enorgueillir. Redresser, relever la tête, remettre la tête droite et, fig., refuser de s’avouer vaincu ou reprendre de l’assurance. Fig. Aller tête levée, avec hardiesse, sans crainte. La tête haute, sans honte, sans redouter aucun reproche. Garder la tête haute, conserver sa fierté. Lever, porter haut la tête, être fier, altier. Avoir la tête basse, être honteux, penaud, mortifié. Tenir tête à quelqu’un, lui résister, ne pas lui céder. Nous tînmes tête à nos ennemis. Ils tinrent tête à leurs contradicteurs. Faire tête à l’orage, montrer de la fermeté dans une occasion périlleuse.
–  La tête, considérée relativement au mouvement général du corps. Piquer une tête, plonger dans l’eau. La tête la première, la tête en avant et, fig., avec empressement, voire inconsidérément. Il est tombé la tête la première. Il s’est jeté la tête la première dans cette entreprise. Fig. Il est tombé sur la tête (fam.), se dit de quelqu’un qui agit en dépit du bon sens. Avoir la tête dans le guidon (pop.), par allusion à la position d’un coureur cycliste en quête de vitesse, être entièrement absorbé par un travail qu’on doit terminer. Tête baissée, avec impétuosité, sans réfléchir. Donner de la tête, se cogner, se casser la tête contre les murs, chercher désespérément à sortir d’une situation sans issue. Ne savoir où donner de la tête, être débordé par l’abondance et la diversité de ses occupations. Sortir la tête de l’eau (fam.), arriver au bout de ses difficultés.
–  La tête, considérée dans ses fonctions physiologiques ou dans sa fonction essentielle à la vie. Un mal de tête, une céphalée. Avoir la tête lourde, éprouver un sentiment de pesanteur. Monter, porter à la tête, se dit d’une boisson, d’une odeur qui grise, étourdit et, fig., d’un succès qui fait perdre le sens des réalités ou rend par trop orgueilleux. Avoir la tête qui tourne, ressentir une sensation de déséquilibre. Tourner la tête à quelqu’un, en parlant d’une boisson alcoolisée, l’étourdir, le griser ou, fig., en parlant d’une personne, le séduire jusqu’à lui faire perdre ses moyens. Un seul verre de vin lui tourne la tête. Cette femme lui a tourné la tête. Casser, rompre la tête à quelqu’un (fam.), l’assourdir par un bruit excessif et, par extension, le fatiguer, l’importuner. Avoir la tête en compote, en capilotade (fam.), avoir mal à la tête, en particulier sous l’effet du bruit ou de l’effort. Fig. J’en donnerais ma tête à couper, j’en mettrais ma tête sur le billot, j’en suis absolument certain. Il donnerait sa tête à couper pour…, il ferait tout pour… S’être mis la tête sous le couperet, avoir commis des imprudences volontaires. Des têtes vont tomber, certains vont perdre leur poste.
–  La tête, en tant que boîte crânienne. Fig. Avoir la tête fêlée, n’avoir pas toute sa raison. Avoir la tête comme une passoire (fam.), voir Passoire. Avoir la tête dure, être lent à comprendre ou être têtu. Avoir un pois chiche, un petit pois dans la tête (fam.), avoir une intelligence limitée. Mettre du plomb dans la tête à quelqu’un, l’assagir, lui faire prendre conscience des réalités. Avoir, se mettre martel en tête, éprouver une vive inquiétude, être préoccupé à l’excès. Avoir un hanneton dans la tête, avoir des lubies, déraisonner quelque peu.
–  La tête, en tant qu’elle porte les cheveux. Fig. Chercher des poux sur la tête de quelqu’un, lui faire de mauvaises querelles. Laver la tête à quelqu’un, lui faire une vive réprimande. Prov. Tête de fou ne blanchit jamais, les fous, exempts d’inquiétudes, sont préservés des atteintes de l’âge.
B.  Cette partie du corps, en tant qu’elle est le siège de l’esprit.
1.  Envisagée comme le siège de l’activité intellectuelle et imaginative. Il a eu bien de la peine à se mettre dans la tête, à se mettre en tête les éléments de cette science. Il se remplit la tête de chiffres, de dates. Les idées se bousculent dans sa tête. Il dit tout ce qui lui passe par la tête. Elle n’a que ce voyage en tête, elle y pense sans arrêt. Entrez-vous bien dans la tête que vous n’obtiendrez rien, soyez-en convaincu. Se mettre en tête de, suivi d’un infinitif, avoir l’intention de. Il s’est mis en tête de partir. On ne peut lui ôter de la tête qu’il la reverra bientôt. Il a la tête pleine de grandes ambitions. Tout cela n’existe que dans votre tête, vous vous l’imaginez sans raison.
▪ Loc. et expr. De tête, en faisant l’opération dans son esprit, sans recourir à l’écrit. Calculer de tête. Il a joué ce morceau de tête. À tête reposée, en prenant le temps de la réflexion, sans hâte. Une tête bien faite, se dit, par allusion à une formule de Montaigne, d’un esprit au jugement droit, par opposition à Une tête bien pleine, un esprit plein de savoir, de connaissances. Une tête bien, mal ordonnée, un esprit juste et méthodique, confus et brouillon. Avoir une idée derrière la tête, de derrière la tête, une arrière-pensée. Un amour de tête, qui est plus intellectuel que sentimental. Avoir la tête à ce que l’on fait, à son ouvrage, se concentrer sur sa tâche. Avoir la tête vide, être dans l’incapacité de réfléchir. Garder la tête froide, rester calme et lucide. Fam. Se casser la tête, s’appliquer à quelque chose avec une grande contention d’esprit. Se casser la tête pour trouver une solution, se casser la tête sur un problème. Il ne se casse pas la tête ou, elliptiquement et pop., il ne se casse pas, il ne se donne aucun mal, il ne travaille pas. Agir sur un coup de tête, obéir à une impulsion soudaine, sans réfléchir davantage. N’en faire qu’à sa tête, agir à sa guise, en négligeant les conseils ou les avertissements d’autrui. Monter la tête à quelqu’un, voir Monter. Prendre la tête à quelqu’un (pop.), l’importuner, le tourmenter sans relâche.
2.  Envisagée comme le siège de la raison, de la volonté, du caractère. Surtout dans des locutions et des expressions. Conserver sa tête, toute sa tête, voir Conserver. Avoir encore sa tête, ne pas être sénile. Un homme, une femme de tête, qui fait preuve de détermination, qui sait imposer sa volonté. Ligne de tête, nom donné, en chiromancie, à la ligne de la main qui traverse la paume plus ou moins horizontalement et qui est censée indiquer des traits de la personnalité. Avoir la tête faible (vieilli), ne pas jouir de toutes ses facultés. N’avoir pas de tête, être tête en l’air, être très distrait, étourdi. Où avais-je la tête ? s’emploie pour déplorer la distraction ou le manque de discernement dont on a fait preuve. Avoir une tête à l’évent (vieilli), voir Évent. Avoir la tête à l’envers, avoir l’esprit faux ou momentanément troublé. Perdre la tête, s’affoler ou déraisonner. Faire tourner toutes les têtes, voir Tourner. Cela ne va pas, la tête ? (fam.), êtes-vous fou ? Avoir mauvaise tête mais bon cœur, être impulsif, indiscipliné mais animé de bons sentiments. Faire la mauvaise tête, sa mauvaise tête (fam.), se montrer rétif, entêté ou indocile. Il a la tête chaude, un tempérament impulsif et irritable.
▪ Prov. Quand on n’a pas de tête, il faut avoir des jambes.
C.  Par métonymie.
1.  Le visage ; l’ensemble des traits d’une personne, sa physionomie, qui peut porter la marque de son tempérament ou de ses états d’âme. Cet enfant s’est fait une tête de pirate pour le carnaval. Il a une belle tête, une tête sympathique, intelligente. Avoir une tête d’ange, une tête de bandit. Fam. Vous faites une drôle de tête, êtes-vous contrarié ? Vous en faites, une tête ! Il a sa tête des mauvais jours.
▪ Loc. et expr. Un dîner de têtes, un dîner où les convives sont masqués ou maquillés, généralement selon un thème donné. Avoir une bonne tête, un visage amène, qui inspire confiance. Une tête de fouine, un faciès étroit et un air sournois. Une tête de clown, un visage qui suscite l’hilarité. Une tête de faux témoin, de faux jeton (fam.), un visage inspirant la défiance. Avoir la tête de l’emploi, l’aspect qui correspond au rôle que l’on joue, à la fonction que l’on occupe. Avoir une tête à, suivi d’un infinitif, avoir l’air de quelqu’un qui se comporte de telle ou telle manière. Il a une tête à s’enfuir au moindre danger, à se laisser berner. Faire la tête, bouder, montrer sa mauvaise humeur. Fam. Avoir une tête à claques, être exaspérant. Avoir une sale tête, avoir mauvaise mine ; avoir un visage qui inspire l’antipathie et la méfiance. Faire une tête d’enterrement, de six pieds de long, présenter un visage triste et sombre. À la tête du client, suivant l’impression que fait une personne ou l’idée qu’on a d’elle. Se payer la tête de quelqu’un, voir Payer.
2.  L’individu, la personne tout entière. Une rente placée sur plusieurs têtes. Surtout dans des locutions et des expressions. Par tête, par personne. La nuitée nous a coûté tant par tête. Lors des États généraux de 1789, le tiers état obtint que le vote par tête remplaçât le vote par ordre. Tête à tête, en tête à tête, à deux, sans témoin. Parler tête à tête. Un dîner en tête à tête. Chasseur de têtes, personne chargée de proposer à des entreprises du personnel qualifié. Fam. Avoir ses têtes, préférer certaines personnes à d’autres au sein d’un groupe, en faisant montre de partialité. Ce sont deux têtes, ce sont trois têtes dans un bonnet, dans un même bonnet, voir Bonnet. Spécialement. Marque de domaine : droit. Par tête, se dit d’une succession dans laquelle les représentants reçoivent individuellement la part revenant à l’héritier décédé qu’ils représentent, par opposition à Par souche, dans laquelle ils reçoivent cette part ensemble.
▪ Avec un adjectif ou un complément déterminatif. Les têtes couronnées, les souverains. Les têtes blondes, les enfants. Une tête carrée, une personne qui raisonne avec netteté et solidité ou, péj., qui s’obstine dans ses opinions. Tête pensante, voir Pensant. Une tête forte (vieilli), qui a beaucoup de jugement, de grandes capacités. Une forte tête, qui est animée d’un esprit de rébellion. Une tête légère, qui a peu de suite dans les idées, peu de jugement dans la conduite. Une tête creuse, voir Creux. Une tête folle, dont le comportement est imprévisible ou changeant. Une tête brûlée, une personne imprudente, téméraire. Une tête de linotte, qui manque de mémoire, de bon sens, de jugement. Fam. Une tête de bois, un élève rebelle à tout enseignement. Une tête de mule, de bourrique, de cochon, de lard, une personne obstinée, têtue. Une grosse tête ou, elliptiquement, une tête, une personne particulièrement intelligente ou savante. Pop. Une tête d’œuf, une personne imbue d’elle-même, persuadée de sa supériorité intellectuelle. Spécialement. Marque de domaine : histoire. Les Têtes rondes, lors de la première révolution anglaise, au xviie siècle, surnom donné aux puritains, partisans de Cromwell et du Parlement, parce qu’ils portaient les cheveux courts, sans perruque.
▪ Prov. Autant de têtes, autant d’avis (traduction de la maxime latine Quot capita, tot sententiae), chacun a sa manière de voir.
▪ Par analogie. En parlant des animaux. Tête de bétail ou, simplement, tête, chacune des bêtes d’un troupeau (on a dit aussi Pièce de bétail). Posséder cent têtes de bétail.
3.  Vie d’un être humain. Hasarder sa tête pour le service de quelqu’un. Il y va de votre tête. Vous en répondrez sur votre tête. Il lui en coûtera la tête. Je le jure sur la tête de mes enfants.
▪ Expr. Demander la tête de quelqu’un, demander sa mort ou, par exag., sa démission, son renvoi. Mettre la tête d’un homme à prix, promettre de l’argent à qui le capturera mort ou vif.
4.  Mesure approximative correspondant à la hauteur, à la longueur d’une tête. Il dépasse son ami d’une tête. Avoir deux têtes de plus que quelqu’un. Ce cheval a gagné d’une tête, d’une courte tête, d’une demi-tête.
▪ Spécialement. Marque de domaine : beaux-arts. Hauteur du visage, servant d’unité de mesure pour déterminer les proportions du corps humain dans une peinture, une sculpture (on a dit aussi Face). Le canon du corps d’un adulte est de huit têtes.
5.  Marque de domaine : football. Geste d’un joueur qui frappe le ballon du front pour l’intercepter, faire une passe ou tirer. Faire une tête et marquer un but. Une tête réussie.
6.  Marque de domaine : vènerie. Nom donné aux bois des cervidés mâles. Une belle tête de cerf, de chevreuil. Tête couronnée, dont les andouillers du sommet forment une sorte de couronne. Tête bizarre ou malsemée, dont les perches ne portent pas un nombre égal d’andouillers. Tête bizarde, voir Bizarde. Tête rouée, désigne des bois trop serrés et courbés en dedans. Muer de tête, muer la tête, perdre les bois de l’année.
 Titres célèbres : Tête d’or, pièce de Paul Claudel (publiée en 1890 et remaniée en 1894) ; La Tête sur les épaules, d’Henri Troyat (1951) ; La Tête des autres, pièce de Marcel Aymé (1952).

II.

II. Par analogie.
1.  Extrémité supérieure de quelque chose de vertical ou que l’on considère verticalement. La tête d’un cyprès, d’un sapin. La tête de la montagne se perd dans les nues. La tête d’un mât.
▪ Spécialement. Marque de domaine : architecture. Partie supérieure d’un arc. – Marque de domaine : industrie pétrolière. Partie d’un puits de pétrole qui se trouve au-dessus du niveau du sol. – Marque de domaine : billard. Frapper bille en tête, frapper bien droit le haut de la bille. Loc. fig. et fam. Bille en tête, en allant droit au but ; sans prendre le temps de la réflexion. Répondre bille en tête. Partir bille en tête. – Marque de domaine : spectacles. Tête d’affiche, partie la plus haute d’une affiche, où figurent les noms des acteurs principaux ; par métonymie, chacun de ces acteurs principaux. Ces deux comédiennes partagent la tête d’affiche de la pièce.
▪ Loc. À tête, en tête de diamant, se dit de certaines choses dont le sommet a la forme d’un diamant taillé à quatre facettes se rejoignant en pointe ou en arête. Un poteau à tête de diamant. Bossage en tête de diamant (on dit aussi Bossage en pointe de diamant).
2.  Extrémité d’une chose le plus souvent allongée, qui se distingue du reste par sa forme. La tête d’un clou, d’une vis. Boulon, vis à tête fraisée, voir Fraiser II. Clou, vis à tête perdue, clou, vis qui, une fois plantés, ne dépassent pas la surface dans laquelle ils sont enfoncés. La tête d’une épingle, d’une aiguille. La tête amovible d’une brosse à dents électrique. La tête d’un marteau, la partie de la masse métallique qui est la plus épaisse, et qui s’oppose à la panne. La tête d’une hache, d’une cognée, la partie du fer qui reçoit le manche, et qui s’oppose au tranchant. La tête d’une pelle, d’une pioche, d’un râteau. La tête d’une pipe, son fourneau. La tête d’un violon, d’une guitare, l’extrémité du manche, où sont fixées les chevilles. La tête d’un club de golf. Loc. fig. Une tête d’épingle, une différence minime. Une tête de pioche, une personne très têtue. Fam. Par tête de pipe, par personne.
▪ En parlant d’une plante, d’un légume. Des têtes de pavot, d’artichaut, de chou. La tête d’un oignon, d’un poireau. Une tête d’ail, un bulbe d’ail.
▪ Spécialement. Marque de domaine : anatomie. Extrémité renflée d’un os ou d’un organe. La tête du fémur. La tête du pancréas. – Marque de domaine : mécanique. Tête de bielle, extrémité de la bielle, où s’articule un vilebrequin ou une manivelle, par opposition au pied de bielle, où s’articule un piston.
▪ Par extension. Partie d’un appareil, d’une machine, d’un dispositif qui est directement en contact avec l’objet, la surface sur lesquels leur action s’exerce. La tête d’un aspirateur. La tête d’une perceuse, d’une fraiseuse. Tête de lecture, d’enregistrement, d’écriture, élément d’un appareil placé au bout d’un bras articulé, qui permet de lire, d’enregistrer ou d’écrire des informations codées sous forme de reliefs ou de signaux magnétiques sur un cylindre ou un disque. La tête de lecture d’un électrophone.
3.  Partie d’une chose ou d’un ensemble structuré qui se trouve en avant, qui se présente en premier. Les têtes de gondole d’un supermarché. Dans un livre, les têtes de chapitre sont imprimées sur la page de droite appelée « belle page ». Prendre un taxi en tête de station. La tête d’un train. La tête d’un cortège, d’un défilé, d’un convoi. La tête d’une armée, d’une colonne.
▪ Spécialement. Marque de domaine : architecture. Tête de voussoir, face verticale d’un voussoir, qui se trouve en parement. – Marque de domaine : bâtiment. Tête de mur, surface qui constitue l’extrémité d’un mur et correspond à son épaisseur. – Marque de domaine : ameublement. La tête du lit, l’extrémité du lit où repose le haut du corps. Par métonymie. Tête de lit, panneau vertical fixé à cette extrémité. – Marque de domaine : transports. Tête de ligne, point de départ d’une ligne de chemin de fer, de tramway, d’autobus, etc. – Marque de domaine : marine. Faire tête au vent, au courant, en parlant d’un navire au mouillage, se placer face au vent, au courant. – Marque de domaine : astronomie. Partie d’une comète constituée du noyau et de la chevelure, par opposition à la queue. – Marque de domaine : militaire. Position la plus avancée en direction de l’ennemi. Tête de tranchée. Tête de pont, endroit à partir duquel une armée prend pied en territoire ennemi et, par extension, dans le langage du commerce, lieu ou domaine que choisit un groupe, un pays pour conquérir de nouveaux marchés. Tête désigne aussi l’ogive de certains projectiles. La tête nucléaire, thermonucléaire d’un missile. À tête chercheuse, se dit d’un projectile équipé d’un dispositif électronique qui détermine à chaque instant la position de la cible et corrige automatiquement sa trajectoire.
▪ Fig. Premier élément ou ensemble des premiers éléments d’un classement, d’une hiérarchie. Trois élèves constituent la tête de la classe. Surtout dans des domaines spécialisés. Marque de domaine : politique. Tête de liste, dans un scrutin de liste, candidat figurant en première position sur sa liste. – Marque de domaine : sports. Tête de série, se dit d’un concurrent ou, plus rarement, d’une équipe qui, dans une compétition, doivent affronter en priorité des adversaires moins bien classés qu’eux. – Marque de domaine : viticulture. Tête de cuvée, dans une récolte, le vin obtenu avec les raisins des meilleurs sols, des meilleurs cépages, et que l’on a fait cuver à part.
▪ Loc. adj. De tête, qui arrive en premier, se trouve en avant d’une chose ou, fig., au début d’un classement. Note de tête, effluve que l’on perçoit en premier lorsque l’on respire un parfum. Le groupe de tête. La ligne de tête, la première ligne d’une page imprimée. Tirage, édition de tête, ensemble des premiers exemplaires d’une œuvre qui sont numérotés et généralement imprimés sur du papier de qualité. Un article de tête, qui, du fait de son importance, figure au début d’un journal. Position de tête, voir Position. Être dans le peloton de tête, se trouver dans le groupe qui mène la course à un moment donné et, fig., parmi les meilleurs de sa catégorie ou de ceux à qui on peut être comparé. Loc. prép. En tête de, au début de. Les fantassins défilent en tête de la parade. Aller musique en tête (elliptiquement), se dit d’une troupe, d’un régiment qui marchent avec les musiciens au premier rang. À la tête de, à la première place, au premier rang de. Marcher à la tête d’un cortège. Fig. Le Président l’a nommé à la tête du gouvernement. Se mettre à la tête des mutins. Elle s’est retrouvée à la tête d’un empire industriel, d’une grande fortune.
▪ Expr. Prendre la tête de, se placer à l’avant d’un groupe qui se déplace et, fig., devenir le chef d’un groupe, le dirigeant d’une entreprise, etc. Prendre la tête des coureurs et, par métonymie, de la course. Il a pris la tête des opérations depuis que son père s’est retiré.
▪ En composition. En-tête, voir ce mot.
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