théâtre

THÉÂTRE

nom masculin
Étymologie : xiiie siècle. Emprunté du latin theatrum, tiré du grec theatron, de même sens, lui-même dérivé de theâsthai, « contempler, voir ; être spectateur au théâtre ».
1.  Édifice destiné à la représentation d’œuvres dramatiques et, par extension, d’autres spectacles. La salle, la scène, les coulisses, le foyer d’un théâtre. Aller au théâtre. Un théâtre antique. Le théâtre d’Orange. Le théâtre grec de Pergame, en Turquie. Théâtre à l’italienne, dans lequel la scène, s’élevant en pente douce pour favoriser l’illusion de la perspective, est séparée de la salle par la fosse d’orchestre et la rampe, et fermée par un rideau. La Scala de Milan est un théâtre à l’italienne. Un théâtre de poche, aux dimensions réduites. Théâtre lyrique, où l’on représente des œuvres chantées, en particulier des opéras. Les théâtres des Boulevards, situés sur les Grands Boulevards, à Paris. En composition. Café-théâtre, voir Café.
▪ Par extension. Institution, généralement attachée à un tel édifice, qui se consacre à la représentation d’œuvres dramatiques et regroupe des artistes et du personnel technique, administratif. Le directeur, les employés d’un théâtre. Ce théâtre a monté « Du vent dans les branches de sassafras », de René de Obaldia, la saison dernière. Un théâtre privé, subventionné. Le théâtre aux armées, qui offre aux soldats des spectacles en temps de guerre. Le Théâtre national populaire ou, par abréviation, le T.N.P., fondé en 1920 par Firmin Gémier pour offrir les grands textes du répertoire au plus large public possible.
▪ Désigne aussi une troupe de théâtre. Les théâtres de la Foire, voir Foire I. L’Illustre Théâtre, de Molière, regroupait une dizaine de comédiens. Un théâtre ambulant s’est installé dans la ville. Le Théâtre-Français ou, elliptiquement, le Français, la société de comédiens créée par la fusion de la troupe de Molière avec celles du théâtre du Marais et de l’Hôtel de Bourgogne, qui eut jusqu’à la Révolution le monopole de la création d’œuvres en français ; par métonymie, la salle où cette société donne ses représentations (on dit aussi La Comédie-Française). Le Théâtre-Italien, nom donné à diverses troupes italiennes qui s’installèrent à Paris à partir du xviie siècle ; désigne plus particulièrement la troupe de chanteurs qui interprétait le répertoire lyrique italien au xixe siècle. La salle Favart et la salle Ventadour, où se produisait le Théâtre-Italien, furent appelées « le théâtre des Italiens » ou « les Italiens ».
▪ Par métonymie. Désigne parfois la scène. Le devant, le fond du théâtre. Aile de théâtre, voir Aile. Les dessous d’un théâtre, les étages disposés sous le plateau de la scène. Le dessus d’un théâtre, les cintres.
▪ Par analogie. Théâtre de verdure, voir Verdure. Théâtre de marionnettes, petite structure mobile aménagée pour la représentation de spectacles de marionnettes (on dit aussi Castelet).
▪ Fig. Lieu qui sert de cadre à un évènement remarquable. Le théâtre d’une bataille. Munich fut le théâtre d’une tentative de coup d’État par Hitler en 1923. Marque de domaine : militaire. Le théâtre d’opérations, des opérations, la zone des combats, l’aire géographique où sont déployées ou engagées des unités militaires.
2.  Art qui a pour objet la représentation d’une action par des comédiens devant un public ; le genre littéraire qui rassemble les œuvres destinées à être ainsi représentées. Le théâtre a été théorisé par Aristote dans la « Poétique ». Des décors, des costumes de théâtre. L’opéra-comique, où alternent les scènes chantées et les scènes parlées, relève à la fois du théâtre et de l’opéra. Écrire pour le théâtre. Une querelle sur la moralité du théâtre s’éleva en France dans la seconde moitié du xviie siècle. Lire du théâtre. Des personnages de théâtre.
▪ Loc. Pièce de théâtre ou, simplement, pièce, ouvrage en vers ou en prose destiné à être représenté sur une scène par des acteurs. Machine de théâtre, dispositif mécanique utilisé pour manœuvrer des éléments du décor et obtenir certains effets spectaculaires. Artifices de théâtre, moyens destinés à imiter la foudre, les éclairs, les incendies, etc. L’optique du théâtre, voir Optique. Coup de théâtre, péripétie inattendue qui bouleverse l’intrigue et, fig., évènement imprévu qui retourne une situation. Théâtre dans le théâtre, insertion, au sein d’une pièce, d’une autre œuvre dramatique interprétée par les personnages de la pièce. Le théâtre dans le théâtre caractérise « L’Illusion comique », de Corneille. Théâtre dans un fauteuil, se dit, par allusion à l’ouvrage de Musset intitulé Un spectacle dans un fauteuil, de pièces qui n’ont pas été écrites pour être représentées, mais pour être lues.
▪ Spécialement. La pratique de cet art. Cours, école de théâtre. Faire du théâtre en amateur. Se destiner au théâtre, vouloir en faire sa profession. Les gens de théâtre, dont le métier se rattache à cet art. Sarah Bernhardt était une grande femme de théâtre. Un nom de théâtre, le pseudonyme d’un comédien.
▪ Par extension. Suivi d’un complément. Ensemble des pièces composées par un seul auteur ou par les auteurs d’un même pays, d’une même époque, d’un même courant, ou qui peuvent être regroupées par quelque caractère commun. Le théâtre d’Euripide, de Plaute. Le théâtre de Shakespeare. Le théâtre de Molière, de Racine. Le théâtre de Tchekhov, de Beckett. Le théâtre grec. Le théâtre élisabéthain. Le théâtre du Siècle d’or espagnol. La préface de « Cromwell », de Victor Hugo, est considérée comme le manifeste du théâtre romantique. Le théâtre de l’absurde. Le théâtre de boulevard, voir Boulevard. Théâtre radiophonique, conçu pour être diffusé à la radio.
▪ Fig. et péj. Attitude, comportement peu naturels, forcés. Ses emportements ne sont que du théâtre. Il entre du théâtre dans leur réconciliation. Assez de théâtre.
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