venir

4e édition

VENIR.

v. n. Conjugaison : Je viens, tu viens, il vient. Nous venons, vous venez, ils viennent. Je venois. Je vins. Je suis venu. Je viendrai. Viens, venez. Que je vienne. Que je vinsse. Je viendrois, &c.
■  Se transporter d’un lieu à un autre. Il signifie aussi, Se transporter au lieu où est celui qui parle, ou à qui l’on parle. Il est venu ici, ou simplement, Il est venu. Il viendra demain. Il va venir. Il vint à nous tout effrayé. Le voilà qui vient. Il vint à ma rencontre, au devant de moi. Il vint à grandes journées. Il vint en poste. Venez çà. Je viens pour vous dire que.... Quand nous viendrez-vous voir ? Il vient d’Italie. Je le rencontrai qui venoit de Rome. Je viens de la promenade. En combien de jours le courrier de Bordeaux vient-il à Paris ?
Il se dit aussi Du mouvement qui se fait d’un lieu éloigné à un lieu plus proche de celui qui parle. Il est venu de Rome à Lyon ; & Du mouvement qui se fait d’un lieu éloigné au lieu où est celui qu’on fait parler. César ordonna à Labiénus de le venir joindre. César fit venir une telle Légion des Gaules.
Venir, signifie aussi, Arriver au lieu où est celui qui parle. Quel jour vient le courrier ? Quel jour viennent les lettres ?
Il se dit quelquefois Du mouvement qui se fait d’un lieu proche à un lieu éloigné ; mais ce n’est que lorsque celui qui parle invite un autre à l’accompagner. Je m’en vais à Rome, voulez-vous venir avec moi ? Nous allons à la promenade, venez avec nous.
Il se construit quelquefois avec les pronoms personnels & la particule En, sans que cela change rien au sens. Dites-lui qu’il s’en vienne. Nous nous en vinmes ensemble.
On dit proverbialement, Ne faire qu’aller & venir, pour dire, Être toujours en mouvement ; &, C’est un beau venez-y voir, pour dire, C’est peu de chose, c’est une chose qui ne mérite pas d’être remarquée. Il est familier.
On dit proverbialement d’Un homme qui paroît ignorer ce qui se passe publiquement, & les choses que tout le monde sait, qu’Il semble qu’il vienne de l’autre monde. On dit aussi proverbialement dans le même sens, D’où venez-vous ? De quel pays venez-vous ?
On dit figurément, Je le verrai venir, il faut le voir venir, pour dire, Il faut voir ce qu’il fera, quel est son dessein.
Venir, se dit aussi Des choses inanimées. Il vient du vent de ce côté-là. Ouvrez la fenêtre, il viendra de l’air.
On dit, que Les revenus viennent bien, pour dire, qu’Ils sont payés surement & régulièrement. Il a peu de revenu, mais le peu qu’il en a vient bien.
On dit proverbialement, Après la pluie vient le beau temps, pour dire, que Le beau temps succède à la pluie. On le dit aussi au figuré, pour dire, qu’Après un temps fâcheux, il en viendra un favorable.
On dit proverbialement d’Une chose agréable à manger, & dont l’idée excite l’appétit, quand on en parle, ou qu’on en entend parler, qu’Elle fait venir l’eau à la bouche. Cela se dit aussi au figuré, en parlant De toute sorte de choses. Le récit que vous lui avez fait des richesses de ce pays-là, lui a fait venir l’eau à la bouche.
On dit figurément & proverbialement, Faire venir l’eau au moulin, pour dire, Se procurer, ou procurer aux autres des avantages, de l’utilité, &c. par son industrie, par son adresse.
On dit proverbialement & populairement, qu’Après la panse vient la danse, pour dire, qu’Après avoir fait bonne chère, on ne demande qu’à se divertir.
Au jeu de la Paume, un joueur dit à son compagnon, Laissez-moi venir ce coup-là, pour dire, Laissez-le-moi jouer. Et figurément on dit, que La balle vient au joueur, au bon joueur, pour dire, que L’occasion semble chercher ceux qui sont les plus capables d’en profiter.
À différens jeux des cartes, on dit, Laissez-moi venir cette main, pour dire, Laissez-moi faire cette levée.
Venir, se dit aussi Des choses qui arrivent fortuitement & par accident. Il lui vint une grosse fièvre. Il lui vint une ébullition de sang. Il lui vient toujours beau jeu. Il vint une bourasque, une tempête. S’il vient quelque changement. Il viendra un temps. Il faut prendre le temps comme il vient. Tout lui vient à souhait. Cela lui vient bien à point. Un malheur ne vient jamais tout seul. Quand le temps en sera venu.
On dit proverbialement, Tout vient à point qui peut attendre, pour dire, que Dans les affaires du monde, on vient à bout de tout avec du temps & de la patience.
On dit proverbialement & populairement d’Un homme à qui il arrive quelque chose d’avantageux, sans qu’il se soit donné aucune peine, que Cela lui vient de Dieu grâce.
On dit aussi proverbialement d’Un homme qui devient riche sans rien faire, que Le bien lui vient en dormant.
On dit figurément, Cela vint à ma connoissance, cette nouvelle est venue jusqu’à moi, le bruit en est venu jusqu’ici, pour dire, J’appris cela, j’ai su cette nouvelle, le bruit en est parvenu jusqu’ici.
On dit figurément, Il me vint une pensée, ou il me vint en pensée, il me vint en tête, il me vint dans l’esprit, pour dire, J’eus la pensée…
Il signifie aussi, Arriver par succession, par quelque hasard, écheoir. Je mettrois à la loterie, si je croyois que le bon billet me dût venir. Il ne me vient que des billets blancs. Après la mort du père & de la mère, les biens viennent aux enfans. Les biens qui viennent du côté du père.
Venir, se prend encore pour Être issu, être sorti. Il vient de cette Maison par les femmes. C’est un homme qui vient de bon lieu. Il vient de bas lieu.
On dit, qu’Un mot vient d’un autre, pour dire, qu’Il en est dérivé.
Il signifie aussi, Naître, croître, être produit. Il ne vient point de blé en ce pays-là. On ne sauroit faire venir de vin en cette Province. Il viendra de belles tulipes de ces oignons. On dit figurément en ce sens, La raison lui viendra avec l’âge.
En parlant Des choses liquides qu’on tire d’un vaisseau où elles étoient contenues, il signifie Sortir. Cela ne vient que goutte à goutte. Le vin est au bas, il vient trouble.
Il se prend aussi pour Procéder, émaner. De-là vient qu’il y a si peu de bonne foi dans le monde. Tous ces malheurs viennent de ce que … Cela vient de bonne main. Cela vient d’une personne que j’estime fort.
On dit proverbialement & figurément, Ce qui vient de la flûte s’en retourne au tambour, ou ce qui vient par la flûte s’en retourne par le tambour, pour dire, que Des biens acquis par des voies trop faciles ou peu honnêtes, se dépensent mal-à-propos, & aussi facilement qu’ils ont été amassés.
Venir, signifie encore Parvenir. Ce Roi vint jeune à la couronne.
Venir, se dit aussi dans plusieurs différentes façons de parler, ou proverbiales ou figurées. Ainsi on dit, En venir aux mains, pour dire, Commencer à se battre. On en vint aux mains avec les ennemis.
On dit, En venir aux reproches, aux menaces, aux grosses paroles, aux injures, aux coups, aux prises, &c. pour dire, Pousser l’aigreur de la conversation, porter la dispute jusqu’aux reproches, aux menaces, aux injures, aux coups, &c.
On dit encore, Il faudra en venir aux extrémités, à la violence, à la force, pour dire, Il faudra se servir de la violence, de la force. Et on dit, Il en fallut venir à un procès, pour dire, Il fallut plaider.
Venir à. Façon de parler ordinaire, qui se construit avec toutes sortes de verbes à l’infinitif ; comme, Venir à faire, venir à dire, &c. sans rien ajouter de particulier au sens du verbe avec lequel elle se construit. Ainsi on dit, S’il venoit à mourir, pour dire, S’il mouroit ; Si le secret venoit à être découvert, pour dire, S’il étoit découvert ; Nous vinmes à parler, pour dire, Nous parlâmes ; &, Il vint jusqu’à me déclarer, pour dire, Il fit tant qu’il me déclara …
On dit, Il en vint jusqu’à le menacer, pour dire, Il le menaça enfin.
On dit De la mort & de tout ce qu’on regarde comme nécessaire, comme inévitable, Il en faut venir là. On le dit aussi De ce qu’on regarde comme plus expédient. Après avoir bien raisonné, vous verrez qu’il en faut venir là.
On dit, Ils en vinrent au point de faire telle chose, pour dire, Ils furent réduits à faire telle chose.
On dit, Les choses vinrent à un point que … à un tel point que … si avant que … pour dire, qu’Elles furent portées à un tel excès, si loin que … Et on dit, Il vint à un tel point d’insolence, pour dire, Il fut, il devint si insolent.
On dit, Venir au fait, à la question, à la discussion d’une affaire, à la conclusion, pour dire, Parler de la chose dont il s’agit, agiter la question, discuter, conclure.
On dit, Faire venir à la raison, pour dire, Réduire à la raison, mettre à la raison, soit par la persuasion, soit par la force.
On dit, Venir à une succession, pour dire, Hériter. Venir à une succession par tête, par souche, &c. Et on dit, Venir au sou la livre, pour dire, Partager au sou la livre.
On dit, Venir à compte, à partage, à composition, pour dire, Compter, partager, composer. Et on dit, Venir à maturité, en maturité, pour dire, Mûrir.
On dit d’Un enfant, qu’Il est venu au monde un tel jour, pour dire, qu’Il est né un tel jour ; & qu’Il est venu à terme, pour dire, qu’Il est né au bout du terme.
On dit, Venir à rien, pour dire, Diminuer beaucoup, se réduire presque à rien. C’est dans cette acception qu’on dit, qu’Une sauce viendra à rien si on la fait trop bouillir. Et on dit figurément, Tous ses grands projets viendront à rien, pour dire, Tous ses grands projets n’auront aucune suite, aucun succès.
Venir bien. Façon de parler dont on se sert, pour dire, Croître, profiter. Cet arbre vient bien.
On dit aussi, qu’Une robe, qu’un habit, qu’une perruque, qu’une coiffure vient bien à la taille, à l’air du visage, pour dire, qu’Elle convient bien. Et dans la même acception, on dit proverbialement, qu’Une chose vient comme de cire.
On dit de même, que Des couleurs, des nuances viennent bien ensemble, pour dire, qu’Elles s’assortissent bien ensemble.
On dit d’Un enfant nouveau né, qu’Il est bien venu, pour dire, que La mère en est accouchée heureusement. Et lorsqu’une femme grosse a fait quelque chute, quelque effort, qui donne lieu de craindre qu’elle ne se soit blessée, on dit, qu’On craint que son fruit, que son enfant ne vienne pas à bien.
On dit aussi d’Une femme dont les enfans meurent très-jeunes, que Ses enfans ne viennent pas à bien.
On dit, Venir à bout de ses desseins, de ses entreprises, pour dire, Y réussir ; Venir à bout de faire une chose, venir à bout d’une chose, pour dire, Parvenir à faire une chose, parvenir à la fin d’une chose, en trouver la fin ; Venir à bout de ses ennemis, pour dire, Les surmonter ; &, En venir à son honneur, pour dire, Réussir dans ce qu’on avoit entrepris.
On dit, Venir à la traverse, pour dire, Traverser, troubler un dessein, une affaire.
On dit dans le style familier, S’il alloit venir faute de lui, s’il en venoit faute, pour dire, S’il venoit à mourir.
Venir de. Autre façon de parler ordinaire, qui se construit pareillement avec toutes sortes de verbes à l’infinitif, pour marquer Un temps passé depuis très-peu. Je viens de la quitter. Il ne vient que de partir. Il vient d’expirer. Et familièrement, Il vient de venir.
À venir. Façon de parler dont on se sert, pour dire, Qui doit venir, qui doit arriver. Le temps à venir. Les temps à venir. Les siècles à venir.
On dit en termes de Palais, Donner un à venir, faire signifier un à venir, pour dire, Donner une sommation pour venir plaider à certain jour. On l’écrit plus communément en un seul mot. Voyez Avenir.
Venir, s’emploie aussi substantivement, comme dans cette phrase, L’aller & le venir.
Venu, ue. participe.
Soyez le bien venu, soyez la bien venue. Termes de civilité, qui signifient, Soyez le bien arrivé, la bien arrivée. Ils se disent dans le style familier, lorsqu’on reçoit une personne chez soi, ou qu’on se trouve à son arrivée.
On dit aussi, qu’Un homme est bien venu par tout, pour dire, qu’Il est bien reçu par tout.
On dit, qu’Un homme est nouveau venu, pour dire, qu’Il est nouvellement arrivé. Et en parlant d’Un homme qui vient d’être reçu dans quelque société, on dit, que C’est un nouveau venu.
On dit, Le premier venu, pour dire, Celui qui est arrivé le premier. Et on dit, Confier son secret au premier venu, pour dire, Le confier sans discernement au premier que l’on rencontre.
On dit aussi, Le dernier venu, pour dire, Celui qui arrive le dernier.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.