vent

VENT

nom masculin
Étymologie : xie siècle. Issu du latin ventus, de même sens.
1.  Mouvement plus ou moins rapide de l’air dans une direction donnée, qui est provoqué par des différences de température, de pression dans l’atmosphère et par la rotation de la Terre. Le vent se lève, faiblit, tombe. Il fait du vent, il fait grand vent. Une rafale, des bourrasques de vent. Le vent a tourné. Le vent est à l’ouest, il vient de l’ouest. Le mistral, la tramontane sont des vents qui soufflent dans le Sud de la France. Un vent impétueux, violent, modéré. Le drapeau flotte au vent, au gré du vent. Dans la mythologie grecque, Éole est le dieu des vents. Verlaine a surnommé Rimbaud « l’homme aux semelles de vent ». En composition. Abat-vent, Brise-vent, Coupe-vent, voir ces mots.
▪ Par analogie. Les vents sur Jupiter peuvent atteindre la vitesse de 1 450 kilomètres par heure.
▪ Loc. Vent de sable, de poussière, qui est chargé des particules de sable, de poussière qu’il a soulevées. Vents roux (vieilli), voir Roux. Vent coulis, petit courant d’air passant à travers une fente, une fenêtre entrouverte. Un coup de vent, une augmentation soudaine et passagère de son intensité. En coup de vent (fig.), de manière brusque, très rapidement. Les vents cardinaux, les quatre vents, qui viennent des quatre points cardinaux. Ouvert à tout vent, à tous les vents, aux quatre vents, se dit d’un lieu mal protégé, ouvert de tous côtés. En plein vent, de plein vent, se dit de ce qui se trouve en plein air, à découvert, de ce qui est exposé de tous côtés aux vents. Un étal en plein vent. Marque de domaine : horticulture. Arbre en plein vent, de plein vent, arbre fruitier qui croît sans protection, sans appui, par opposition à Arbre en espalier.
▪ Expr. Il fait un vent à écorner ou à décorner les bœufs (fam.), un vent très violent. Jeter quelque chose au vent ou aux vents, aux quatre vents, le disperser, le disséminer ou, fig., le faire disparaître. Mettre flamberge au vent, voir Flamberge. Fig. Fendre le vent, aller très vite. Brasser du vent, se dit de quelqu’un qui s’agite beaucoup sans agir efficacement. Le vent tourne, la situation change, devient favorable ou cesse de l’être. Flairer le vent, voir Flairer. Sentir, flairer de quel côté vient le vent, tourne le vent, être opportuniste. Aller dans le sens du vent, se conformer à l’attitude, à l’opinion de la majorité. C’est un roseau qui plie à tout vent, se dit d’une personne qui cède à toutes les influences. Vendre du vent ou, vieilli, vendre du vent et de la fumée, faire de vaines promesses. C’est du vent, ce n’est que du vent, se dit d’une chose vaine, sans consistance. Être plein de vent, gonflé de vent, être empli de suffisance, de fatuité.
▪ Prov. Petite pluie abat grand vent, voir Abattre. À brebis tondue, Dieu mesure le vent, Dieu proportionne nos épreuves à notre faiblesse. Autant en emporte le vent, voir Emporter. Qui sème le vent récolte ou, moins souvent, moissonnera la tempête.
 Titres célèbres : Vent de sable, de Joseph Kessel (1929) ; Autant en emporte le vent, roman de Margaret Mitchell (1936) et film de Victor Fleming (1939) ; Vents, recueil de vers de Saint-John Perse (1946) ; Le Vent, de Claude Simon (1957) ; Du vent dans les branches de sassafras, pièce de René de Obaldia (1965).
2.  Spécialement. Marque de domaine : météorologie. Vents variables, dont l’intensité et la direction varient, par opposition à Vents constants, qui, tels les alizés, soufflent régulièrement dans la même direction. Vent étale, dont la vitesse reste la même. Un vent de secteur nord. Vent marin, qui souffle en mer ou dans des zones maritimes. Vent de mer, soufflant de la mer vers la terre, par opposition à Vent de terre. Vent d’amont, vent d’aval, voir Amont, Aval I. Vents étésiens, voir Étésien. Vent dominant, qui est le plus fréquent dans une région ou au cours d’une période données. – Marque de domaine : marine. (Certaines des locutions et expressions figurant ci-après sont aussi employées, par analogie, pour la navigation aérienne.) Pour parler de l’intensité, de l’orientation du vent. Un vent de force 10 sur l’échelle de Beaufort. Vent frais ou, elliptiquement et subst., frais, vent relativement puissant. Vent mou, faible. Vent franc, uniforme et régulier. Vent fait (vieilli) ou établi, qui ne varie plus et paraît devoir durer. Vent vrai, tel qu’il souffle réellement, par opposition à Vent apparent, qui résulte du vent vrai et du déplacement d’air provoqué par le navire. Le lit du vent, sa direction. La perpendiculaire du vent, voir Perpendiculaire. Saute de vent, changement brutal de la direction du vent. Rose des vents, voir Rose I. Aire, quart de vent, voir Aire, Quart I. Pour parler de la manière de naviguer en fonction du vent. Prendre le vent, en parlant d’une voile, être gonflée par le vent. Donner prise au vent, voir Prise. Le courant est contre le vent, sa direction est inverse à celle du vent. Mettre la barre au vent, sous le vent, s’écarter ou se rapprocher de la direction du vent. Gouverner, venir, gagner, etc. au vent, au près du vent, ou, elliptiquement, au près, se rapprocher du lit du vent (on dit dans le même sens Remonter dans le vent). Remonter, naviguer au plus près du vent (on dit dans le même sens Serrer le vent). Perdre au vent, tomber sous le vent, s’éloigner du lit du vent. Étaler le vent, voir Étaler II. Être bout au vent, être vent de bout ou, plus souvent, debout, être face au vent, de manière directement contraire à la route qu’on voudrait tenir (on dit aussi Être vent devant). Être vent debout contre quelque chose, quelqu’un (fig.), y être radicalement opposé, lui être contraire. Avoir le vent arrière, voir Arrière I. Vent de travers ou vent traversier, qui prend le bateau par le flanc, de façon perpendiculaire. Vent largue, grand largue, voir Largue. Sous le vent, voir Sous I. Avoir, prendre l’avantage du vent ou avoir, prendre le dessus du vent, se placer entre un autre bateau et le point d’où le vent souffle (on dit dans le même sens Prendre le vent d’un bâtiment). Expr. fig. Avoir vent et marée (vieilli), Aller contre vent et marée ou contre vents et marées, voir Marée. Avoir le vent en poupe, voir Poupe. Fam. Avoir du vent dans les voiles, ne pas marcher droit sous l’effet de l’ivresse. Quel bon vent vous amène ? formule plaisante de bienvenue par laquelle on demande la raison de sa visite à quelqu’un que l’on n’attendait pas. Bon vent ! formule de souhait dont on use pour dire adieu à quelqu’un ou, iron., pour marquer qu’on se réjouit du départ d’un importun. Du vent ! allez-vous-en ! – Marque de domaine : technique. Manche à vent, large tube de toile de forme conique, attaché au sommet d’un mât, qui indique la direction et l’intensité du vent (on dit aussi Manche à air). Moulin à vent, moulin dont les ailes sont mises en mouvement par le vent. Expr. fig. Se battre contre des moulins à vent, voir Moulin. – Marque de domaine : chasse. Chasser au vent, dans le vent, en allant face à lui, dans sa direction. Avoir le nez au vent, voir Nez. Prendre le vent, en parlant d’un chien, humer l’air pour repérer les odeurs de gibier ; fig. et souvent péj., se déterminer adroitement selon les circonstances. – Marque de domaine : équitation. Porter le nez, la tête au vent ou, elliptiquement, porter au vent, en parlant d’un cheval, lever la tête très haut.
▪ Par analogie. Marque de domaine : astronomie. Vent solaire, flux de particules ionisées émis au niveau de l’atmosphère du Soleil.
3.  Mouvement d’air provoqué par un moyen quelconque. Faire du vent avec un soufflet, un éventail. Le vent d’une balle, d’un projectile. Vieilli. Fusil à vent, à air comprimé.
▪ Expr. fig. Sentir passer ou, elliptiquement, sentir le vent du boulet, échapper de très peu à un danger. Fam. Faire du vent, s’agiter pour se donner de l’importance.
▪ Spécialement. Marque de domaine : musique. Instrument à vent, dans lequel le musicien, pour créer le son, fait passer un flux d’air produit par son souffle ou parfois par un moyen mécanique. La trompette, le hautbois, la flûte ainsi que l’orgue ou l’accordéon sont des instruments à vent. Contrebasse à vent, voir Contrebasse. Trio, quintette à vent, formation réunissant trois, cinq de ces instruments. Porte-vent, voir ce mot. Par métonymie. Au pluriel. Les vents, l’ensemble des bois et des cuivres. Les vents, les cordes et les percussions.
▪ Très vieilli. Respiration, haleine. Reprendre vent, reprendre son vent. Avoir le vent court.
4.  Gaz intestinal qui s’échappe du corps ; flatulence. Avoir des vents. Lâcher un vent. Les flageolets donnent des vents.
5.  Émanation d’un corps (vieilli). Les corbeaux ont senti le vent d’une charogne.
▪ Spécialement. Marque de domaine : chasse. Odeur qu’une bête exhale ou qu’elle laisse sur son passage (on dit aussi Fumet ou Sentiment). Le chien a eu vent, a eu le vent du gibier, il en a perçu l’odeur.
▪ Expr. fig. Avoir vent de quelque chose, en avoir connaissance par ouï-dire. Ils ont eu vent du projet, de l’affaire. J’ai eu vent qu’un incident s’était produit.
6.  Fig. Mouvement qui se manifeste d’un coup et emporte une personne ou un groupe. Le vent de l’adversité, de la fortune, du succès. Le vent de la révolte. Un vent de panique s’empara de la foule. Loc. fam. Dans le vent, à la mode. Être dans le vent. Un chanteur dans le vent.
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