fer

7e édition

[I.] FER.

s. m.
↪ voir aussi : [II.] Fer (n.)
■  Métal dur et malléable, d’un gris clair et brillant, dont l’emploi dans les arts est très considérable, et qui, uni à un peu de charbon, donne l’acier et la fonte. Mine de fer. Minerai de fer. Fer fondu. Fer de fonte. Fer battu. Fer forgé. Fer doux. Fer aigre. Fer dur. Fer cassant. Écume de fer. Affiner le fer. Faire rougir du fer. Fer rouge, incandescent. Battre le fer. Souder le fer. Rouille de fer, ou Oxyde de fer. Fer rouillé, oxydé. Fer qui se rouille. Fer aimanté. Fil de fer. Anneau de fer. Barre, verge de fer. Cercle de fer. Crochet de fer. Chaîne de fer. Pont de fer. Porte de fer. Cage de fer. Des pierres liées avec des tenons de fer. On l’emploie quelquefois au pluriel, surtout en termes de Commerce et d’Administration. Les différentes sortes de fers. Il fait le commerce des fers. Marchand de fers. Droits sur les fers. Les fers français et les fers étrangers.
Fer natif, Fer qu’on trouve dans la terre à l’état pur. Le fer natif est d’une extrême rareté.
Chemin de fer, Chemin dont la voie est formée par des rails de fer sur lesquels roulent les véhicules.
Fam., Cela ne tient ni à fer ni à clou, Cela est mal attaché. On le dit aussi D’une chose qui sert à meubler une maison, mais qui n’est point scellée dans le mur, et qu’il est facile d’ôter.
Fig. et fam., Cette affaire ne tient ni à fer ni à clou, Elle n’est pas solidement faite, conclue, arrêtée.
Prov. et fig., Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, Il ne faut point se relâcher dans la poursuite d’une affaire, quand elle est en bon train.
Fig. et fam., C’est un corps de fer, il a un corps de fer, se dit D’un homme robuste et qui résiste aux plus grandes fatigues. On dit de même, Une santé de fer, un tempérament de fer.
Fig. et fam., Avoir une main de fer, un bras de fer, Avoir la main, le bras très vigoureux, très fort. Cet homme a un bras de fer. Dans une acception plus figurée, Avoir un bras de fer, signifie, Exercer avec dureté, avec rigueur un pouvoir dont on est revêtu.
Prov., On n’est pas de fer, Il est des fatigues auxquelles le corps humain ne peut résister. On dit de même, Il faudrait être de fer pour résister à de telles fatigues, pour tenir à ce métier, etc.
Fig. et fam., C’est une tête de fer, se dit D’une personne infatigable dans les affaires, dans les études qui demandent une grande application, une grande contention d’esprit. On le dit aussi D’une personne extrêmement opiniâtre. Vous ne le ferez pas changer, c’est une tête de fer.
Prov., Cet homme est raide comme une barre de fer, ou fig., C’est une barre de fer, se dit D’un homme inflexible, intraitable, inébranlable.
Fam., Il userait du fer, Il use beaucoup ses habits, et en peu de temps.
Fig. et fam., Il digérerait le fer, Il a un excellent estomac.
Fig. Âge, siècle de fer, Le plus barbare, le plus corrompu des quatre âges que les poètes distinguent dans les premiers temps du monde. Le siècle d’or, le siècle d’argent, le siècle d’airain, et le siècle de fer. On appelle aussi Siècle de fer, Un temps de malheurs, de guerres, de misères, etc. On peut dire que c’était alors le siècle de fer.
Pour une autre acception de Âge de fer, Voyez Âge.
Fig., Un sceptre de fer, Une autorité dure et despotique. On dit dans un sens analogue, Un joug de fer.
Au Jeu de billard, Avoir du fer, donner du fer, etc., se disait Lorsqu’une des deux branches de la passe gênait le joueur. Voyez Passe.
Cette pièce de monnaie est entre deux fers, se dit D’une pièce de monnaie qui ne trébuche point lorsqu’on la pèse.
Fer, se dit particulièrement de La pointe de fer ou d’autre métal, qui est au bout d’une pique, d’une lance, d’une flèche, etc. Le fer d’une pique. Le fer d’une lance. Le fer d’une flèche. On dit dans un sens analogue, Le fer d’une gaffe.
Se battre à fer émoulu, Se battre avec des armes affilées. Cela ne se dit proprement qu’en parlant Des joutes, des tournois dans lesquels on se battait avec des armes affilées, au lieu de n’employer, suivant l’usage ordinaire, que des armes émoussées et rabattues. On dit de même, Lance à fer émoulu.
Fig. et fam., Se battre à fer émoulu, Disputer, plaider, contester sans aucun ménagement. Ces deux auteurs, ces deux plaideurs se battent à fer émoulu.
Fer d’aiguillette, de lacet, Petite pièce de fer-blanc, de cuivre ou d’autre métal, dont une aiguillette, un lacet est garni par le bout.
Fer, se dit quelquefois, en termes d’Escrime, Du fleuret, de l’épée. Croiser le fer. Engager le fer.
Fam., Battre le fer, Faire des armes, s’exercer à l’escrime avec des fleurets. Il y a longtemps qu’il bat le fer dans les salles d’armes.
Fig. et fam., Il y a longtemps qu’il bat le fer, se dit D’un homme qui s’adonne depuis longtemps à quelque étude, à quelque profession, à quelque exercice. On dit de même : C’est à force de battre le fer qu’il est parvenu à ce degré d’habileté. Il faut avoir longtemps battu le fer avant que d’en être venu là.
Fer, dans le style oratoire ou poétique, se prend pour Poignard, épée, sabre, et généralement pour toutes sortes d’armes semblables. Il tomba sous le fer d’un meurtrier. p. 735Un fer homicide. Il se plongea le fer dans le sein. Vaincre autant par la clémence que par le fer. Porter la flamme et le fer dans un pays. Tout périt sous le fer du vainqueur. Ceux que le fer avait épargnés.
Employer le fer et le feu, se dit Lorsque, dans une opération chirurgicale, on est obligé d’employer à la fois le secours des instruments et celui du feu ou des caustiques.
Fig. et fam., Employer le fer et le feu, Employer les remèdes, les moyens les plus violents.
Fer, se dit également, dans les Arts, de Plusieurs instruments et outils de fer qui servent à divers usages. Un fer à friser. Un fer à faire des gaufres, des oublies. Fers pour découper. Fers à gaufrer. Fers à dorer. Ce relieur a de beaux fers. Une marque faite avec un fer rouge, avec un fer chaud.
Il se dit particulièrement, d’Un instrument de fer pour repasser le linge. Fer à repasser. Passer le fer sur une dentelle.
Prov. et fig., Mettre les fers au feu, Commencer à s’occuper sérieusement d’une affaire. Il est temps de mettre les fers au feu. On dit aussi, Les fers sont au feu, en parlant D’une affaire à laquelle on travaille actuellement.
Fer, signifie encore, Le demi-cercle de fer plat, dont on garnit en dessous la corne des pieds des chevaux, des mulets, des ânes. Fer de cheval. Fer neuf. Fer usé. Relever les fers d’un cheval. Un fer qui loche. Mettre un fer à un cheval, à un mulet, à un âne. Mettre à un cheval des fers cramponnés, pour empêcher qu’il ne glisse sur la glace. On dit, par catachrèse, Fer d’argent, fer d’or, lorsque cette espèce de sole artificielle est d’argent ou d’or. Les chevaux de cet ambassadeur avaient des fers d’argent.
Prov. et fig., Quand on quitte un maréchal, il faut payer les vieux fers, Quand on quitte un ouvrier, il faut payer ce qu’on lui doit.
Tomber les quatre fers en l’air, se dit D’un cheval, d’un mulet, etc., qui se renverse et tombe sur le dos.
Fig. et fam., Cet homme est tombé les quatre fers en l’air, Il est tombé à la renverse ; et, dans une acception plus figurée, Il a été frappé d’étonnement.
Fer de botte, Morceau de fer, en forme de fer à cheval, dont on garnit le dessous des talons de bottes.
Prov. et fig., Cela ne vaut pas les quatre fers d’un chien, Cela ne vaut absolument rien.
En fer à cheval, En forme de croissant, de demi-cercle. Table en fer à cheval. On dit de même, Cela fait le fer à cheval, forme le fer à cheval, etc.
En termes de Fortification, Fer à cheval, Ouvrage fait en demi-cercle, au dehors d’une place. Le fer à cheval n’est plus guère en usage.
En termes d’Archit., Fer à cheval, Escalier qui a deux rampes, et qui est fait en demi-cercle. Il se dit, par extension, de Deux pentes douces qui sont en demi-cercle dans les jardins.
Fers, au pluriel, signifie, Des chaînes, des ceps, des menottes, etc. Être aux fers. Être dans les fers. Avoir les fers aux pieds. On lui mit les fers aux pieds. Il avait les fers aux pieds et aux mains. On le chargea de fers.
Fig., Jeter quelqu’un dans les fers, le retenir dans les fers, etc., Mettre, retenir quelqu’un en prison, le priver de sa liberté. On dit aussi, Gémir, languir dans les fers, etc.
Fers, se dit encore, figurément et poétiquement, d’Un état d’esclavage, d’oppression. Ces peuples, qui avaient gémi longtemps sous la tyrannie, ne songèrent plus qu’à rompre, qu’à briser leurs fers. Il fut vaincu par le peuple auquel il voulait donner des fers.
Il se dit également de La tyrannie qu’exerce l’amour. Les amants se plaisent dans leurs fers, bénissent leurs fers. L’amour le tient dans ses fers.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.