goût

GOÛT

nom masculin
Étymologie : xiie siècle, gost. Issu du latin gustus, « action de goûter, dégustation, goût d’une chose, saveur ».

I.

I. Perception des saveurs.
1.  Celui des cinq sens par lequel on discerne les saveurs. Le palais, la langue sont les principaux organes du goût. Avoir le goût fin, dépravé, blasé. Les épices réveillent, stimulent le goût. Un mets qui plaît au goût, qui flatte le goût. Certaines affections entraînent la perte du goût.
 Titre célèbre : Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, de Brillat-Savarin (1825).
2.  Par métonymie. Saveur d’un aliment, d’une boisson. Goût sucré, salé, acide, amer. Un plat d’un goût délicat, d’un goût exquis, d’un goût relevé. Ce fruit a mauvais goût, bon goût. Un plat de haut goût (vieilli), fortement épicé, et, fig., des plaisanteries de haut goût. Ce vin a un goût de bouchon. Ce gâteau a un goût de brûlé. Absolument. Cette viande a du goût, est savoureuse. Cette sauce n’a pas de goût, n’a aucun goût, est insipide. L’eau de ce puits a un goût, une saveur désagréable.
▪ Par analogie. Se prenait quelquefois pour Odeur, parfum. Ce tabac a un goût de moisi.
▪ Fig. Cet échec m’a laissé un goût d’amertume. Expr. Laisser un goût de cendre, voir Cendre.
3.  Par extension. Appétence pour les aliments ou pour un certain type d’aliment ; plaisir qu’on prend à boire et à manger. Avoir du goût pour un mets. Prendre goût à une cuisine étrangère. Ce malade ne trouve goût à rien, a entièrement perdu le goût. Le goût commence à lui revenir.
▪ Expr. Faire passer, faire perdre à quelqu’un le goût du pain (fam.), lui ôter la vie. Mettre en goût, faire naître l’envie, le désir. Le fumet de ce plat nous avait mis en goût. Fig. Le bien qu’on m’a dit de ce livre m’a mis en goût. Ce succès facile le mit en goût de continuer.

II.

II. Fig.
1.  Faculté plus ou moins spontanée qui fait apprécier et discerner les beautés et les défauts des ouvrages de l’esprit, des productions de l’art. Goût naturel, acquis. Un goût délicat, difficile, éclairé, raffiné. Avoir le goût sûr. On peut se fier à son goût. Former le goût d’un enfant. Avoir bon goût, le sens de la qualité, du beau, de l’élégance. On dit en un sens opposé Avoir mauvais goût. Il fait en tout preuve de mauvais goût. Par métonymie. Des ornements d’un goût recherché, du meilleur goût. Ce mobilier est de bon goût, d’un goût raffiné, d’un goût mesquin.
▪  Goût s’emploie souvent absolument pour Bon goût. Avoir du goût. Un homme, une femme de goût. Manquer de goût. Une faute de goût. S’habiller avec goût.
▪ Se dit par extension de la faculté de juger de l’à-propos, de la convenance des manières, de la conduite, etc. Il serait de mauvais goût d’insister. Il a eu le bon goût de s’éclipser. Par métonymie. Une plaisanterie d’assez mauvais goût, d’un goût douteux.
2.  Attrait qui porte vers certaines choses, auxquelles on trouve du plaisir ou dont on en attend ; inclination, penchant. Il n’a aucun goût pour la vie mondaine. Il a pris goût, a repris goût aux voyages. Son goût le porte à l’intrigue, au mystère. Avoir le goût de la solitude, de la canaille. Avoir des goûts de luxe. Suivre son goût. Satisfaire ses goûts.
▪ Loc. adv. Par goût, par inclination. C’est par goût qu’il vit à la campagne.
▪ Expr. proverbiale. Le coût en fait perdre le goût, se dit de ce dont le prix est excessif.
▪ Spécialement. Se dit de l’inclination qu’on éprouve pour une autre personne. Il semble avoir du goût, avoir pris du goût pour cette jeune fille.
3.  Sentiment agréable ou avantageux qu’on a sur quelque chose ; appréciation propre à chacun. Cet ouvrage n’est pas de mon goût. Chercher à satisfaire tous les goûts. C’est une affaire ou c’est affaire de goût, c’est une question de goût, cela dépend du jugement de chacun.
▪ Expr. proverbiales. Des goûts et des couleurs, on ne discute pas, chacun est libre de ses préférences, de ses choix. Tous les goûts sont dans la nature, se dit pour signifier qu’on ne partage pas l’opinion, le choix de quelqu’un d’autre.
4.  Manière, style propre à un auteur, un artiste, une école, une époque. Un tableau d’intérieur dans le goût flamand. Il a écrit dans le goût de son siècle. Se mettre au goût du jour.
▪ Loc. fam. De ce goût-là, dans ce goût-là, de ce genre, de cette sorte. Faites lire à cet enfant un roman de Dumas ou quelque chose dans ce goût-là.
 Titre célèbre : Le Temple du goût, de Voltaire (1733).
Orthographe
◇ Peut s'écrire goût ou gout, selon les rectifications orthographiques de 1990.
[règle §3] Les accents et le tréma • accents circonflexes sur î et û.
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