ton

II. TON

nom masculin
Étymologie : xiie siècle. Emprunté, par l’intermédiaire du latin tonus, « tension d’une corde ; son d’un instrument », du grec tonos, « corde ; tension d’une corde », puis « son de la voix ou d’un instrument », lui-même dérivé de teinein, « tendre ».
↪ voir aussi : I. Ton, ta (adj. poss.)
1.  Hauteur, degré d’élévation d’un son et, en particulier, de la voix. Un ton de voix aigu, grave. Pour pouvoir chanter cet air, il en a baissé le ton. Par métonymie. Ton de rechange, voir Rechange I.
▪ Spécialement. Marque de domaine : linguistique. Hauteur mélodique d’une voyelle et, par extension, de la syllabe qui la contient, qui permet de distinguer divers mots entre eux dans certaines langues. Langue à tons (on dit aussi Langue tonale). Les langues à tons asiatiques, africaines. Le suédois et le lituanien font partie des rares langues indo-européennes à tons. Le ton haut, bas, moyen. Désigne aussi parfois l’intonation, la ligne mélodique d’une phrase.
▪ Par extension. Manière de parler, inflexion de la voix propre à une personne, qui peut traduire ses sentiments, ses émotions. Un ton monocorde. Un ton aigre, acerbe. Un ton professoral, dogmatique. Un ton amical, goguenard, railleur. Il lui répondit avec un ton peu aimable, sur un ton sec. Avoir un ton mielleux, suppliant. Le ton de la colère, de l’indignation. Un ton de franchise. Il est toujours sur le ton de la réserve. Adopter le ton du commandement. Prendre un ton condescendant. Réciter un texte en mettant le ton qui convient ou, simplement, en mettant le ton. Le ton gratin (fam.), voir Gratin. Un ton empreint de gravité, de malice. Il fit ce récit avec une grande légèreté de ton. Comment osez-vous me parler sur ce ton ?
▪ Fig. Façon de se comporter en société. Le ton de la ville, de la cour. Le ton de l’homme du monde.
▪ Loc. et expr. Élever, forcer, hausser le ton, parler plus fort qu’à l’ordinaire pour se faire entendre ou, fig., s’exprimer avec autorité pour se faire obéir. Parler d’un ton bas, à voix basse. Forcer quelqu’un à parler d’un ton plus bas, le faire parler d’un ton plus bas (fig.), réprimer son arrogance, rabattre sa fierté. Baisser le ton, parler plus bas et, fig., se montrer plus mesuré. Je saurai bien lui faire baisser le ton. Le ton monte (fig.), la discussion devient plus vive. Donner le ton, donner la note dont la hauteur sert de repère aux chanteurs ou aux instrumentistes pour s’accorder et, fig., être à l’origine d’une façon de faire, inspirer un usage, une mode (on dit aussi Donner le la). Fig. Être dans le ton, adapter ses manières, son comportement, etc. aux circonstances. Elle n’était pas vraiment dans le ton. De bon ton, de mauvais ton, se dit d’une personne ou, plus souvent, d’une chose qui est en accord ou non avec le bon goût, la bienséance. Un homme, une femme de bon ton. Ce geste n’est pas de bon ton. Il est de mauvais ton d’évoquer ce sujet. Changer de ton, changer de conduite, de manières, de langage. Il traitait tout le monde avec dédain, mais on lui a bien fait changer de ton. Dire une chose sur tous les tons, l’exprimer de toutes les manières possibles. Fam. Faire chanter quelqu’un sur un autre ton, l’obliger à se comporter différemment. Le prendre sur tel ou tel ton, prendre certaines manières, avoir une certaine conduite, un certain langage. Si vous le prenez avec moi sur un ton de supériorité, vous ne réussirez pas. Ne le prenez pas sur ce ton !
2.  Marque de domaine : musique. Intervalle le plus grand entre deux notes consécutives de la gamme diatonique. Il y a trois tons de fa à si. La gamme diatonique majeure comprend cinq tons et deux demi-tons. Un ton peut se subdiviser en un demi-ton diatonique et un demi-ton chromatique. Quart de ton, voir Quart I.
▪ Désigne aussi la gamme dans laquelle est écrit un morceau de musique et qui est définie par sa tonique et, par extension, par sa tonique et sa modalité (on dit aussi Tonalité). Le ton d’ut, de ré. Il y a un dièse à la clef dans le ton de sol majeur. Cette pièce est dans le ton de la mineur. Tons relatifs, qui ont les mêmes altérations à la clef. Tons voisins, dont les armatures ne diffèrent pas de plus d’une altération. Spécialement. Dans le plain-chant. Ton authentique, ton plagal, mode authentique, mode plagal, voir Mode II.
▪ Par extension. Marque de domaine : vènerie. Air de trompe qui marque chacune des circonstances de la chasse, sonnerie. Le débuché, l’hallali sont des tons.
3.  Couleur ou nuance d’une couleur, degré d’intensité qu’elle peut prendre. Un ton brun, jaunâtre. Des tons pastel. Un ton de bleu. Les tons rouge et or de la forêt à l’automne. Les tons d’un tableau, d’une tapisserie. Ton clair, ton foncé. Elle s’habille toujours dans des tons neutres. Des tons crus. Tons cuits, voir Cuit. Spécialement. Marque de domaine : peinture. Tons chauds, où dominent les rouges et les jaunes, par opposition à Tons froids, où dominent les bleus et les verts. Ton rompu, qui présente des reflets d’une autre couleur ou qui a été atténué par une teinte moins vive. Ton local, identique à la couleur des objets, des surfaces représentés, indépendamment des effets de lumière qui peuvent les affecter.
▪ Loc. adv. Ton sur ton, dans la même couleur mais avec des variations de nuance, d’intensité. Peindre ton sur ton. Adjectivement. Des broderies ton sur ton.
4.  Caractère ou style dans lequel est écrite, composée, réalisée une œuvre de l’esprit. Une lettre rédigée dans le ton de la conversation. Un ton satirique, pathétique. Le ton plaintif de l’élégie. Ce poème présente une grande unité de ton, de nombreuses ruptures de ton. Dès les premières minutes du film, le ton est donné.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.