vers

I. VERS

Prononciation : (au pluriel, s se lie parfois) nom masculin
Étymologie : xiie siècle. Issu du latin versus, signifiant proprement « le fait de tourner sa charrue au bout du sillon », puis « sillon, ligne, rangée » et « ligne d’écriture ; vers », lui-même participe passé substantivé de vertere, « tourner ; changer, transformer ».
↪ voir aussi : II. Vers (prép.)
■  Suite de mots formant une unité rythmique traditionnellement déterminée par la quantité, l’accentuation ou le nombre des syllabes, généralement écrite sur une seule ligne et constituant avec d’autres suites de mots semblables un ensemble cohérent fondé en particulier sur des répétitions sonores, telles les rimes. Composer des vers. Dire, réciter, déclamer, chanter des vers. Dans la poésie grecque et latine, les vers sont composés de pieds définis par la quantité prosodique, tandis que dans la poésie française classique, la mesure des vers est déterminée par le nombre de syllabes. Scander un vers de Virgile. Une strophe de quatre vers est un quatrain. Ces deux vers riment entre eux. Au vers 5, au cinquième vers du poème. « Tel est pris qui croyait prendre » est un vers de La Fontaine devenu proverbial. Des vers harmonieux, mélodieux, chantants. Des vers ampoulés, ronflants. Des vers galants, badins. Écrire en vers. Une pièce alternant les vers et la prose. « Peau d’âne » est un conte en vers de Charles Perrault. Une comédie, une épître en vers. Thomas Corneille a mis en vers le « Dom Juan » de Molière.
▪ Loc. Vers dorés, voir Doré I. De méchants vers, mal faits, insignifiants. Des vers de mirliton (fam.), faibles et faciles, comme ceux qui figurent sur les bandes de papier qui entouraient les instruments de musique appelés mirlitons. Discours en vers, voir Discours.
▪ Au singulier, avec un sens collectif. Le vers de Corneille. La beauté du vers racinien. Le vers classique, le vers romantique. Mallarmé a bouleversé l’art du vers.
▪ Spécialement. Marque de domaine : prosodie. Vers métrique, monomètre, voir Métrique, Monomètre. Dans l’Antiquité, les genres poétiques se distinguaient par l’usage de vers différents. Vers iambique, spondaïque, trochaïque. Vers élégiaque, nom donné au pentamètre dactylique, employé dans la composition de l’élégie antique. Vers héroïques, voir Héroïque. Vers mesuré, dans la poésie française, vers qui se fonde, à l’imitation de l’usage antique, sur la quantité syllabique. Vers syllabique, fondé sur le nombre de syllabes. La longueur d’un vers, le nombre de ses syllabes. L’alexandrin est un vers de douze syllabes. Vers octosyllabe ou octosyllabique, décasyllabe ou décasyllabique. Vers pair, impair, qui comporte un nombre pair, impair de syllabes. Verlaine exalte la musique du vers impair. Les coupes, la césure d’un vers. Vers épique ou Grand vers, noms donnés à l’alexandrin. Petits vers, dont le mètre est de huit syllabes ou moins, et qui sont employés dans divers genres lyriques. Les petits vers relèvent souvent de la poésie de salon. Vers familiers, qui se rapprochent du ton de la conversation et qu’on retrouve dans des genres poétiques tels que l’épître, l’élégie. Des vers léonins, holorimes. Vers rétrograde, voir Rétrograde. Des vers à rimes plates, à rimes croisées. Des vers brisés, composés sur un système de rimes brisées. Des vers assonancés, fondés sur l’assonance et non sur la rime. Vers en écho, voir Écho I. Vers régulier, qui respecte les règles de la prosodie. Vers faux, voir Faux I. Vers mêlés, de longueur différente. Un grand nombre de fables de La Fontaine sont écrites en vers mêlés. Vers blanc, qui respecte la structure métrique mais n’est pas rimé. Vers libéré, nom que les symbolistes ont donné à un vers qui conserve un nombre fixe de syllabes et des répétitions sonores en position finale, mais s’affranchit des autres règles prosodiques. Vers libres, qui n’obéissent à aucune contrainte traditionnelle de mesure, de rythme ou de rime. Les vers libres d’Henri de Régnier, de Paul Éluard.
 Titre célèbre : Crise de vers, de Mallarmé (1897).
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