trop

TROP

Prononciation : (p se fait entendre en liaison devant une voyelle ou un h muet) adverbe
Étymologie : xie siècle. Issu de l’ancien francique *thorp, *throp, « amas » et « bourg, village », lui-même issu de l’ancien nordique thorp, « troupe, foule ».
1.  Plus qu’il ne faut, avec excès. Des fautes trop nombreuses. La lumière est trop intense. Il est beaucoup trop lent, bien trop lent. C’est trop loin, trop tôt. Ils viennent trop peu souvent. Vous prenez les choses trop à cœur. Elle présume trop de ses forces. On ne saurait trop insister sur ce point. Le chevalier qui adouba Perceval lui conseilla de ne jamais trop parler. S’emploie parfois avant un nom dans certaines locutions. Il est parti déjeuner, il avait trop faim. Avoir trop froid, trop chaud.
▪ En corrélation avec pour, trop sert à indiquer que la conséquence énoncée est exclue. Je suis trop en colère pour lui répondre. Fam. Il est trop poli pour être honnête.
▪ Loc. Par trop, exagérément. Cet homme est par trop insolent. De trop, en trop, en plus de ce qui est nécessaire, en excès. Vous m’avez donné dix euros de trop, en trop. Ils étaient deux de trop pour participer au jeu. Il a dit un mot de trop, ses propos ont dépassé la mesure. Avoir bu un coup de trop (pop.), voir Coup. Être de trop, être importun ou inutile. J’ai bien senti que j’étais de trop. Par litote. Vous ne serez pas de trop pour nous aider dans cette affaire.
▪ Expr. C’est trop facile, c’est faire preuve de légèreté ou de désinvolture. Ce n’est pas trop tôt (fam.), voir Tôt. C’est trop beau pour être vrai, exprime le doute ou la méfiance en présence d’un évènement heureux. Fig. Son épée est trop courte (vieilli), voir Épée. Placer la barre trop haut, par référence au saut en hauteur, s’assigner ou assigner à autrui une tâche qui dépasse ses capacités. Fam. Lancer, pousser le bouchon trop loin, voir Bouchon. Il ne faut pas trop tirer sur la corde, il ne faut pas être trop exigeant, il ne faut pas profiter abusivement d’un avantage.
▪ Prov. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Se plaindre que la mariée soit trop belle, voir Plaindre.
2.  Avec une valeur de superlatif absolu. Beaucoup, très, parfaitement. Dans des formules de politesse. Vous avez trop de bonté. Trop aimable ! Je suis trop heureux de vous voir. C’est trop d’honneur, trop de grâce que vous nous faites (parfois iron.). Dans des emplois hypocoristiques. Ce bébé est trop mignon. Dans des tournures négatives et restrictives. Je ne voudrais pas trop m’y fier. Je lui ai répondu sans trop comprendre ce qu’il voulait. Cela n’est que trop vrai. La situation n’a que trop duré.
(En dehors de ces emplois, on évitera de substituer trop à très ; de même, on se gardera d’employer trop seul, avec une valeur adjectivale, au sens de « remarquable ».)
3.  Suivi d’un complément introduit par de, trop prend une valeur de déterminant. Un nombre excessif de, une quantité trop importante de, un excès de. Trop de personnes ont voulu s’inscrire. Il a bien trop de travail. Vous faites trop de bruit. Vous le traitez avec trop de rigueur. Vous en avez trop dit. Point trop n’en faut.
▪ En corrélation avec pour, trop de sert à indiquer que la conséquence énoncée est exclue. Il y a trop de vent pour sortir du port.
▪ Expr. En faire trop, trop en faire, aller au-delà de ce qui est nécessaire. Ce comédien en fait trop. C’en est trop, cela dépasse la mesure. Prov. Trop de précaution nuit.
▪ S’il y a ellipse du complément introduit par de, trop prend une valeur de pronom. Cette entreprise produit trop. Dépenser trop. Trop c’est trop. Prov. Qui veut trop prouver ne prouve rien, voir Prouver. Qui trop embrasse mal étreint, voir Embrasser.
4.  Précédé d’un déterminant, trop est parfois employé comme nom. Son trop d’empressement lui a nui.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.