pauvre

PAUVRE

adjectif et nom
Étymologie : xie siècle. Issu du latin pauper, de même sens, lui-même composé à l’aide de paucus, « peu », et parere, « produire, enfanter ».

I.

I. Adjectif.
1.  Qui n’a pas de quoi suffire à ses besoins ; qui manque du nécessaire, qui n’a que le strict nécessaire (en ce sens, se place généralement après le nom qu’il qualifie, ou s’utilise en position d’attribut). Être pauvre. Il est né, il est mort pauvre. Une famille pauvre. Se dit par extension d’un organisme, d’un établissement, d’un groupe humain, etc. Cet hospice, ce couvent, cet ordre est pauvre, n’a pas de richesses, a peu d’argent eu égard à ses besoins. Un pays pauvre. Un peuple pauvre.
▪  Expr. Pauvre comme Job, réduit à un extrême dénuement, comme le personnage de la Bible. Traiter quelqu’un en parent pauvre, le traiter avec condescendance, faire peu de cas de lui.
  Titre célèbre : La Femme pauvre, de Léon Bloy (1897).
▪  Par métonymie. Qui dénote la gêne matérielle, le manque d’argent. Un mobilier pauvre. Des vêtements pauvres et usagés.
▪  Par affaiblissement. Qui n’a pas de quoi vivre de manière conforme à sa condition, dans l’aisance ou dans l’opulence. Un gentilhomme pauvre. Se dire, se sentir pauvre. Subst. Faire le pauvre, feindre de ne pas disposer de ressources en rapport avec son état.
▪  En parlant de choses. Qui offre peu de ressources ; qui n’est pas assez abondant. Sol, terrain pauvre, dont le produit est maigre. Minerai pauvre, qui contient peu de métal. Gaz pauvre ou gaz à l’air, combustible gazeux obtenu à partir du coke, et qui a un faible pouvoir calorique. Une langue pauvre, qui dispose de peu de vocables ou de tournures syntaxiques. Un sujet pauvre, une matière pauvre, qui fournit peu de substance. Son imagination, sa conversation est pauvre. Marque de domaine : versification. Rimes pauvres, qui n’ont en commun qu’un son vocalique, sans consonne d’appui, comme celles associant « pas » et « bas », « mal » et « bal ».
▪  Loc. Pauvre en ou, plus rarement, pauvre de (suivi d’un complément). Pays pauvre en énergie, en ressources naturelles. Un aliment pauvre en fer. Un poète pauvre d’inspiration.
2.  Dans des emplois expressifs, Pauvre se plaçant alors toujours devant le nom dont il est l’épithète. Pour marquer la compassion, la commisération. Un pauvre infirme. Le pauvre homme ! réplique célèbre d’Orgon dans Le Tartuffe, de Molière. Ce sont de pauvres gens. Cette pauvre bête a été abandonnée. Par métonymie. Ses pauvres mains sont déformées par les rhumatismes. Un pauvre sourire, un sourire esquissé ou contraint.
▪  Loc. Un pauvre hère, un pauvre diable, un miséreux et, plus généralement, un malheureux. L’herbe au pauvre homme, nom usuel de la plante appelée Gratiole.
▪  Dans des formules exclamatives, avec une nuance de tendresse familière. Pour attirer l’attention sur une situation malheureuse. Le pauvre petit ! Avec un de explétif. Pauvre de moi ! Pauvres de nous ! Précédé de l’adjectif possessif, pour marquer ou solliciter la sympathie. Mon pauvre enfant ! Fam. Mon pauvre vieux, que se passe-t-il ?
▪  Spécialement. En parlant d’un défunt. J’ai été l’élève de votre pauvre père.
▪  Pour déplorer ou souligner le mauvais état, la faiblesse, l’insuffisance de quelque chose. Une pauvre lumière, un pauvre jour entrait par la lucarne. On ne voyait dans ce désert que quelques pauvres brins d’herbe.
▪  Pour marquer le dédain, le mépris. C’est une bien pauvre excuse. Un pauvre imbécile. Expr. Un pauvre homme, un homme qui manque d’adresse, de volonté, d’énergie (on dit aussi, très familièrement, un pauvre type).

II.

II. Nom.
Personne qui n’a pas de quoi subvenir à son existence, qui manque du nécessaire (au féminin, on dit Pauvresse, voir ce mot). Donner l’aumône à un pauvre. Assister les pauvres. Les pauvres de la commune, de la paroisse. L’association religieuse des Petits Frères des pauvres. On emploie parfois le singulier dans un sens collectif. Le riche et le pauvre. Loc. adj. De pauvre, du pauvre, qui est propre à ceux qui manquent d’argent. Un repas de pauvre. Des plaisirs de pauvre. Le piano du pauvre, désignation familière de l’accordéon.
▪  Loc. Avoir ses pauvres, aider régulièrement par ses aumônes quelques personnes indigentes. La place du pauvre, qu’on laisse libre à sa table pour offrir un repas à un indigent de passage. La part du pauvre, voir Part I. Un pauvre honteux, une personne qui est dans l’indigence et n’ose le faire connaître. Les nouveaux pauvres, ceux que le chômage, la perte de leur emploi, l’absence de liens familiaux ont conduits à l’indigence. Dans l’Écriture sainte. Les pauvres en esprit, ceux dont le cœur et l’esprit sont détachés des biens matériels. L’Évangile dit : « Bienheureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient. » (On dit aussi en ce sens Pauvre d’esprit, mais l’expression ainsi construite désigne aussi familièrement une personne de peu d’intelligence. C’est un pauvre d’esprit.)
▪  Expr. proverbiale. Qui donne aux pauvres prête à Dieu.
  Titre célèbre : Le Sermon sur l’éminente dignité des pauvres dans l’Église de Jésus-Christ, de Bossuet (prononcé en 1659, publié au xviiie siècle).
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