roi

ROI

nom masculin
Étymologie : ixe siècle, rex ; xe siècle, rei ; xiie siècle, roy ou roi. Issu du latin rex, « roi, souverain », lui-même dérivé de regere, « diriger ».
1.  Titre porté par celui qui règne sur un peuple, un État, en particulier un État monarchique, et qui tient sa fonction de l’hérédité ou de l’élection ; celui qui est à la tête d’un royaume. Le roi et la reine. Choisir, proclamer, déposer un roi. Le couronnement, le sacre d’un roi. Roi absolu, roi constitutionnel. Roi légitime. En présence de Sa Majesté le Roi. La cour du roi. Roi d’Angleterre. Le roi des Belges. Roi des rois, titre honorifique donné à différents souverains au cours de l’histoire. Agamemnon, les rois assyriens, le négus furent appelés « roi des rois ». Entre dans la composition de divers noms de lieux. Marly-le-Roi. Le Grau-du-Roi. En apposition. Vice-roi, voir ce mot.
▪ Spécialement. Marque de domaine : histoire. Dans l’Antiquité. On donnait aux rois d’Égypte le nom de pharaons. La vallée des Rois, site des environs de Louxor, sur la rive occidentale du Nil, servant de nécropole à de nombreux pharaons, ainsi qu’à certaines de leurs épouses et à leurs enfants. Deux rois régnaient conjointement à Sparte. Les sept rois légendaires de Rome. Grand Roi, titre donné par les Grecs au souverain des Perses. Dans les traditions juive et chrétienne. Succédant aux juges, les rois d’Israël régnèrent sur les Juifs. Le roi prophète, David. Les livres des Rois, les deux livres de l’Ancien Testament qui relatent l’histoire du peuple juif des débuts du règne de Salomon à la destruction de Jérusalem. Roi des Juifs, titre décerné par les Romains à Hérode le Grand et à ses descendants, qui régnèrent sur la Palestine en vassaux de Rome ; titre donné à Jésus-Christ dans les Écritures, en bonne part quand il est considéré comme le Messie annoncé par les prophètes, ou, par dérision, lors de la Passion. Jésus le Nazaréen, roi des Juifs, traduction de l’expression latine Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum, abrégée en I.N.R.I., apposée au sommet de la croix par les Romains pour indiquer le motif de sa condamnation. À partir de l’époque médiévale. Clovis, roi des Francs, se convertit au christianisme romain. La légende du roi Arthur. Rois mérovingiens, carolingiens, capétiens. Les rois de la dynastie des Valois, des Bourbons. Les rois chevelus, souverains mérovingiens qui portaient les cheveux longs. Rois fainéants, les derniers Mérovingiens, qui, à la fin du viie siècle, abandonnèrent l’exercice du pouvoir aux maires du palais. « Le bon roi Dagobert », titre d’une chanson populaire. Le roi Louis II était appelé le Bègue, le roi Louis X, le Hutin. Roi des Romains, nom donné, avant son couronnement par le pape, à l’empereur élu du Saint-Empire romain germanique. Henri IV fut le premier à porter le double titre de roi de France et de Navarre. L’absolutisme de droit divin connut son apogée lors du règne du roi Louis XIV. À partir de 1791, Louis XVI fut appelé roi des Français. Napoléon Ier donna à son fils le titre de roi de Rome. Le Roi Très-Chrétien, le roi de France. Le Roi Très-Fidèle, le roi du Portugal. Les Rois catholiques, titre donné par le pape Alexandre VI à Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon après la prise de Grenade en 1492. En composition. Le Roi-Soleil, Louis XIV. Le Roi-Citoyen, surnom du roi Louis-Philippe. Le Roi-Sergent, Frédéric-Guillaume Ier de Prusse.
 Titres célèbres : Œdipe roi, de Sophocle (entre 430 et 420 avant Jésus-Christ) ; Le Roi Lear, de Shakespeare (1606) ; Le Roi des aulnes, poème de Goethe (1782), mis en musique par Schubert (1815) ; Le roi s’amuse, de Victor Hugo (1832) ; Ubu roi, d’Alfred Jarry (1896) ; Les Rois maudits, de Maurice Druon (1955-1977) ; Le roi se meurt, d’Eugène Ionesco (1962).
2.  Loc. et expr. Être heureux comme un roi (fam.), parfaitement satisfait de sa condition. Coucher comme l’épée du roi dans son fourreau (vieilli), coucher tout habillé. Fig. De roi, digne d’un monarque. Plaisir, présent, dîner de roi. Morceau de roi, mets exquis. C’est le choix de roi ou du roi, se dit à des parents qui ont un garçon et une fille. C’est la rançon d’un roi, se dit d’un prix que l’on trouve excessif. Se croire le roi du monde, être au comble du bonheur. Être plus royaliste que le roi, pousser à l’excès le zèle que l’on déploie pour soutenir quelqu’un, pour défendre une opinion. Le roi est nu, se dit, par allusion à un conte d’Andersen, lorsque l’on constate ouvertement une évidence jusqu’alors dissimulée par les interdits ou les préjugés. Le temps où les rois épousaient les bergères, le temps passé, mythique. Fam. Le roi n’est pas son cousin, voir Cousin I. Le roi dit : Nous voulons ! s’emploie pour corriger quelqu’un qui abuse du ton impératif. Travailler pour le roi de Prusse, pour rien ou presque rien, comme les mercenaires, mal payés, du roi de Prusse. Pop. Aller où le roi va à pied, va tout seul, aux lieux d’aisances.
▪ Expr. proverbiales. L’exactitude est la politesse des rois. Où il n’y a rien, le roi perd ses droits, on ne peut rien prendre à celui qui n’a rien. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, on brille aisément dans un entourage médiocre.
▪ Spécialement. Bourgeois du roi, voir Bourgeois. Chapelain du roi, premier médecin du roi, etc., titres qui étaient donnés aux détenteurs de diverses charges ou fonctions officielles sous l’Ancien Régime. Le fou, le bouffon du roi, qui était chargé de distraire la cour par ses extravagances et ses insolences. La maison du roi, la Chambre du roi, voir Maison, Chambre. Paix du roi, trêve qui était observée, le jour de la fête du souverain, lors de certaines guerres civiles. Le corps du roi, sa personne. Le lever, le coucher du roi, voir Lever II, Coucher II. Monnaie du roi, frappée en son nom et portant son effigie. Pavé du roi, voir Pavé. Pied de roi, ancienne unité de longueur, qu’on appelait aussi pied de Paris. Pied-de-roi, voir ce mot. Privilège du roi, voir Privilège. Bleu de roi ou, en apposition, bleu roi, bleu vif, du même ton que le champ des armes du roi de France. De par le roi, De par le roi, la loi et justice, voir De I. Si veut le roi, si veut la loi, adage signifiant qu’en France le roi était source de la loi. Le roi est mort, vive le roi ! phrase annonçant la mort du souverain et l’avènement immédiat de son successeur. Vive le roi, vive la Ligue ! voir Ligue. Un Dieu, une foi, un roi, une loi, devise qui fut en particulier employée par les catholiques pendant les guerres de Religion, la Réforme étant accusée de mettre en péril l’unité du royaume. La nation, la loi, le roi, devise qui fut utilisée les premières années de la Révolution. « Qui t’a fait comte ? – Qui t’a fait roi ? », se dit, par allusion à l’échange de propos entre Hugues Capet et le comte Adalbert de Périgord, pour rappeler, dans un désaccord entre deux personnes, leur situation et leurs obligations réciproques. Le roi règne et ne gouverne pas, formule par laquelle Thiers, hostile à la politique de Charles X, résumait en 1830 le principe de fonctionnement d’une monarchie constitutionnelle. Camelot du roi, voir Camelot II.
 Titre célèbre : Les Deux Corps du roi, d’Ernst Kantorowicz (1957).
3.  Par analogie. Marque de domaine : mythologie. Le roi des dieux, Zeus pour les Grecs, Jupiter pour les Romains. Le roi des enfers, Hadès pour les Grecs, Pluton pour les Romains. – Marque de domaine : religion chrétienne. Le roi des cieux, le roi du ciel et de la terre, Dieu. En apposition. L’Enfant Roi, une des appellations données à Jésus enfant. La fête du Christ-Roi, instituée en 1925 par Pie X. Spécialement. Les rois mages, nom donné dans la tradition chrétienne aux savants venus de l’Orient à Bethléem pour adorer l’Enfant Jésus. Elliptiquement. Le jour des Rois, la fête des Rois, le jour de l’Épiphanie. Galette des Rois, gâteau des Rois, galette ou gâteau confectionnés à cette occasion et contenant une fève. Tirer les Rois, se réunir pour manger la galette ou le gâteau et célébrer celui qui, en trouvant la fève, sera roi. – Marque de domaine : jeux. Aux cartes, chacune des quatre cartes qui représente une figure masculine couronnée. Le roi de pique, de cœur, de carreau, de trèfle. Tierce au roi. Brelan de rois. Au jeu d’échecs, la pièce que l’on doit mettre échec et mat pour gagner la partie. Le roi peut se mouvoir d’une case à la fois et dans tous les sens possibles. Le fou du roi, celui des deux fous qui se trouve en début de jeu du côté de cette pièce.
4.  Fig. Celui qui est placé à la tête d’une collectivité (anciennement). Les corporations de l’Ancien Régime se choisissaient un roi. Roi des arpenteurs, roi des barbiers, roi des merciers. Roi d’armes, voir Arme. Le roi de la basoche. Roi des Gueux. Roi des ribauds, voir Ribaud. La cour du roi Pétaud, voir Cour.
▪ Par extension. Homme qui occupe une position éminente dans un domaine, qui excelle dans sa partie, surpasse ses pareils. Cet industriel est le roi de l’acier. Le roi de la fête, celui en l’honneur de qui la fête est donnée ou qui y est le plus remarqué. Fam. C’est le roi de la débrouille. Iron. C’est le roi de la gaffe. Le roi des naïfs, des imbéciles.
▪  Désigne aussi celui dont on accomplit toutes les volontés. Chez nous, le client est roi. En apposition. La tyrannie de l’enfant roi.
▪ Par analogie. Le lion est souvent désigné comme « le roi des animaux », l’aigle comme « le roi des oiseaux » ou « le roi des airs ». L’or est le roi des métaux. « Mon beau sapin, roi des forêts », paroles d’une chanson populaire. L’argent est roi dans ce milieu, il y domine. Un pays où le sport est roi.
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