Saint-Siège

SAINT, SAINTE

adjectif et nom
Étymologie : xe siècle. Issu du latin sanctus, « sacré, inviolable », puis, en latin chrétien, « saint, pur, consacré à Dieu ».

I.

I. Adjectif.
Saint entre dans la formation d’un grand nombre de mots composés, dont les plus courants font l’objet d’une entrée ci-après.
1.  Se dit de Dieu en ce qu’il est essentiellement pur et souverainement parfait. Dieu saint. La sainte Trinité. Le Saint-Esprit ou l’Esprit-Saint, voir Esprit. « Saint, saint, saint est le Seigneur », paroles de l’Ancien Testament, reprises dans la liturgie chrétienne.
▪ Par extension. Se dit des créatures approchant la pureté et la perfection divines et, en particulier, d’hommes et de femmes sanctifiés par leur pratique des vertus évangéliques, que l’Église catholique et les Églises orthodoxes reconnaissent solennellement par la canonisation (Saint ne prend pas de majuscule, sauf dans des expressions désignant la Vierge Marie, la famille et l’entourage de Jésus, et le roi Louis IX). Prier la Sainte Vierge. La Sainte Famille, voir Famille. Les Saintes Femmes, dans les Évangiles, groupe de femmes comprenant notamment Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, qui suivaient Jésus et les apôtres. La captivité de Saint Louis. Le peuple saint, voir Peuple I. Les saintes cohortes, voir Cohorte. Saint Pierre, saint Paul, saint Augustin. Sainte Thérèse d’Avila. L’Apocalypse de saint Jean, le dernier livre du Nouveau Testament. Les saints Innocents, voir Innocent. Sainte Geneviève est la patronne de la ville de Paris, sainte Cécile, celle des musiciens. Le saint curé d’Ars. Nombre de peintres ont représenté le martyre de saint Sébastien et l’épisode de saint Michel terrassant le dragon. La fête de sainte Catherine, la fête de saint Yves ou, elliptiquement, la Sainte-Catherine, la Saint-Yves. Coiffer sainte Catherine (fig. et fam.), voir Coiffer. Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard. Les feux de la Saint-Jean. La Saint-Sylvestre, le 31 décembre. La Saint-Nicolas, le 6 décembre, date à laquelle, dans les régions de l’Est et du Nord de l’Europe, on offre des présents. Le massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572.
▪ Dans la composition de noms de lieux, d’édifices religieux, de congrégations, etc., ou de noms de famille (Saint prend une majuscule et se joint par un trait d’union au nom qu’il qualifie). La ville de Saint-Étienne ou, elliptiquement, Saint-Étienne. La rue Saint-Honoré. Le massif de la Sainte-Baume. Le fleuve Saint-Laurent. La place Saint-Marc à Venise. La cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais ou, elliptiquement, Saint-Gervais-et-Saint-Protais, la cathédrale placée sous un tel patronage. La basilique Saint-Denis. L’ordre de Saint-Benoît. Les pèlerins de Saint-Jacques. Le duc de Saint-Simon. Camille Saint-Saëns.
▪ Spécialement. Le Saint-Père, titre de respect que l’on donne au pape. On dit Notre saint-père le pape et, quand on s’adresse à lui, Très Saint-Père.
▪ Loc. et expr. fig. Un saint Jean Bouche d’or, voir Bouche. Déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul ou, elliptiquement, déshabiller Pierre pour habiller Paul, remplacer un inconvénient, un mal par un autre. Sainte nitouche, voir Nitouche. Ventre-saint-gris, ancien juron. Feu Saint-Elme, voir Feu I. Marque de domaine : zoologie. Coquille Saint-Jacques, voir Coquille. – Marque de domaine : botanique. Herbe de Saint-Benoît, de Saint-Jacques, autres noms de la benoîte, de la jacobée. Tricholome de la Saint-Georges, autre nom du mousseron. Herbes de la Saint-Jean, voir Herbe. – Marque de domaine : cuisine. Potage Saint-Germain, voir Potage. – Marque de domaine : pathologie. Danse de Saint-Guy, nom populaire d’une variété de chorée provoquée par une infection due à un streptocoque, touchant en particulier les enfants et les adolescents. Vieilli. Feu Saint-Antoine, syn. de Mal des ardents, voir Ardent.
▪ Par affaiblissement. Se dit d’une personne dont la vertu est exemplaire (parfois iron.). Un saint homme, une sainte femme.
 Titres célèbres : Le Reniement de saint Pierre, oratorio de Marc-Antoine Charpentier (vers 1667) ; Le Véritable Saint Genest, de Rotrou (1647) ; La Passion selon saint Jean et La Passion selon saint Matthieu, oratorios de Jean-Sébastien Bach (1724 ; 1727 ou 1729).
2.  Se dit de ce qui se rapporte à Dieu ou à son culte, de ce qui est dédié à Dieu et, à ce titre, est sacré. La sainte Bible. Le saint Coran. Livres saints, voir Livre I. Une sainte relique. Une image sainte. Une église, un temple, une mosquée sont des lieux saints. Cité sainte, voir Cité. La Mecque est une des villes saintes des musulmans.
▪ Loc. et expr. Guerre sainte, voir Guerre. Histoire sainte, voir Histoire. La sainte Russie, nom parfois donné à la Russie à partir de la christianisation du pays et jusqu’à la Révolution de 1917. Dieu vous ait en sa sainte garde, voir Garde I.
▪ Spécialement. Marque de domaine : religion chrétienne. L’Écriture sainte ou les Saintes Écritures. La sainte Croix, la sainte lance, voir Croix, Lance. Le saint suaire, voir Suaire. La Sainte Face, voir Face. Les Lieux saints, les Saints Lieux, où se déroula la vie du Christ. Un pèlerinage en Terre sainte. Le Saint-Sépulcre ou, simplement, le Sépulcre, selon la tradition chrétienne, le tombeau, situé à Jérusalem, où le corps du Christ fut déposé. La Sainte-Chapelle, édifice construit à Paris, dans l’île de la Cité, par Saint Louis pour recevoir les reliques de la passion du Christ. Le Saint-Siège, le siège de la papauté et, par métonymie, l’État de la Cité du Vatican, son gouvernement (on dit aussi le Siège apostolique). Pendant la vacance du Saint-Siège. Les décisions du Saint-Siège. Le saint ministère, le sacerdoce (on dit aussi le ministère des autels). La Semaine sainte, la semaine qui précède le jour de Pâques. Le Jeudi saint, le Vendredi saint. La sainte quarantaine ou, simplement, la quarantaine, le carême. Une année sainte, pour laquelle le pape promulgue un jubilé. – Marque de domaine : liturgie. Les saintes espèces, voir Espèce. Le saint chrême, dans l’Église catholique et les Églises orthodoxes, huile parfumée de baume consacrée le Jeudi saint. La sainte ampoule, voir Ampoule. Les saintes huiles, voir Huile. Les saints mystères, voir Mystère. Le saint sacrifice de l’autel, la messe. Le saint sacrement, voir Sacrement. La Sainte Cène, voir Cène. Le saint office ou, simplement, l’office, l’ensemble des heures canoniales, des prières et des lectures récitées ou chantées à divers moments de la journée, qui sont contenues dans le bréviaire romain (on dit aussi l’office divin). – Marque de domaine : histoire. Le Saint-Office, nom qui était donné à la congrégation de l’Inquisition établie à Rome et, par extension, au tribunal de l’Inquisition espagnole. En Espagne, le Saint-Office fut instauré en 1478 à la demande des Rois catholiques. La Sainte Ligue, voir Ligue. Le Saint-Empire romain germanique ou, simplement, le Saint-Empire, s’est dit de l’Empire d’Occident rétabli par Charlemagne, puis de l’Empire germanique. Le traité de la Sainte-Alliance ou, simplement, la Sainte-Alliance, traité signé par la Russie, la Prusse et l’Autriche le 26 septembre 1815, après la défaite de Napoléon Ier, et qui prônait l’instauration des préceptes de justice, de paix et de charité chrétienne en Europe.
 Titre célèbre : La Semaine sainte, de Louis Aragon (1958).
3.  Se dit de ce qui est inspiré par l’amour de Dieu, par la piété. Une sainte ferveur. Mener une vie sainte.
▪ Loc. et expr. fig. Une sainte colère, pleinement justifiée, par allusion à la colère de Jésus chassant les marchands du Temple. Fam. Toute la sainte journée, voir Journée. Une sainte frousse, une sainte horreur, une peur, une horreur extrêmes.

II.

II. Nom.
1.  Homme ou femme dont la vie illustre les vertus évangéliques et, en particulier, qui sont solennellement reconnus dans les Églises catholique et orthodoxes par la canonisation. Les premiers saints étaient des martyrs. Le protestantisme refuse le culte des saints. Les bienheureux et les saints. Canon des saints, voir Canon I. La litanie des saints. Les Actes des saints, voir Acte. Fleur des saints, voir Fleur. « La Légende dorée », écrite par Jacques de Voragine au xiiie siècle, regroupe différentes vies de saints. Le saint du jour, voir Jour. La Toussaint est le jour où l’on célèbre tous les saints. Les saints de glace, voir Glace. Par métonymie. Image, représentation de cet homme, de cette femme. Un saint en bois polychrome.
▪ Spécialement. Tout chrétien. Surtout dans la locution La communion des saints, la société des fidèles, qu’ils soient vivants, en état de béatitude ou au purgatoire, qui permet à chacun d’être solidaire de la souffrance des uns et de bénéficier des œuvres justes des autres. La réversibilité des mérites dans la communion des saints. Bernanos a évoqué avec une grande force la communion des saints.
▪ Par analogie. Personne aux qualités morales admirables. C’est un vrai saint laïque. Ce ne sont pas des saints.
▪ Loc. et expr. fig. Se recommander à tous les saints du paradis, voir Paradis. Il est comme un saint dans sa niche (vieilli), figé, immobile. Fam. Elle est belle à damner un saint, voir Damner. Ne pas savoir à quel saint se vouer, ne savoir où trouver secours, être dans le désarroi. Par tous les saints ! s’emploie pour manifester la colère, l’indignation, etc. Un petit saint, une petite sainte, se dit ironiquement d’une personne qui se fait passer pour innocente, droite, pure.
▪ Prov. Comme on connaît ses saints, on les honore, on agit envers autrui selon l’idée que l’on a de lui, de sa valeur. Il vaut mieux s’adresser au bon Dieu, avoir affaire à Dieu qu’à ses saints, voir Adresser.
2.  N. m. Lieu sacré. Seulement dans la locution Le Saint des Saints, la partie la plus intérieure et la plus sacrée du tabernacle ou, ensuite, du Temple de Salomon, où l’Arche d’alliance était renfermée. Seul le grand prêtre pouvait entrer dans le Saint des Saints.
▪ Fig. et plaisant. La partie la plus retirée d’un lieu ; la composante la plus secrète, la plus importante d’une entité, d’une organisation, etc. La commission du Dictionnaire est le saint des saints de l’Académie française.
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